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Les cadres seniors remontent la pente

L'actualité | publié le : 29.04.2008 |

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Les cadres seniors remontent la pente

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Alors que le gouvernement prépare des mesures pour dynamiser l'emploi des seniors, l'Apec met en garde contre « toute mesure qui fragiliserait économiquement » les cadres au chômage de longue durée, en particulier les plus de 50 ans.

Tombés au plus bas dans la considération des entreprises, les seniors pourraient revenir au sommet. La vague du jeunisme semble passée de mode. Les pénuries de cadres se durcissent et le taux de chômage de cette catégorie est descendu à 3,8 %, soit deux fois moins que celui de l'ensemble des salariés. Ainsi, entre 2001 et 2007, le volume des recrutements de cadres seniors a quasiment doublé, progressant à un rythme plus rapide que l'ensemble du marché. Des progrès apparaissent : on redécouvre les vertus des quinquas, expérimentés, sereins et compétents. Et, surtout, tout aussi motivés.

Clivage après 55 ans

Contrairement aux idées reçues, « les 50-55 ans se projettent dans la vie professionnelle comme les quadras et les trentenaires, précise Gabriel Artero, président de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres). Ils sont tout autant investis que les autres générations. Le clivage n'est réel qu'après 55 ans ». Résultat ? « Il n'y a pas de problème senior à proprement parler », poursuit Jacky Chatelain, directeur général de l'Apec. L'association assure que les choses changent.

Départ plus tardif à la retraite

De fait, les cadres seniors quittent l'entreprise plus tard : avant 2003, seuls trois cadres sur dix faisant valoir leurs droits à la retraite étaient en activité. Désormais, ils sont six sur dix dans ce cas et la proportion pourrait passer prochainement à huit sur dix. Plusieurs raisons expliquent cette nouvelle tendance : la fin des préretraites, le déficit de compétences, mais aussi, depuis la réforme des retraites de 2003, la « faiblesse des taux de remplacement qui ne leur laissent plus le choix ». « Ils ont intégré le fait qu'ils devaient travailler plus longtemps », poursuit l'Apec.

Mais, sachant que les seniors doivent rester plus longtemps en poste, les employeurs sauront-ils répondre à leurs attentes ? Les seniors ne sont pas plus licenciés que leurs cadets. Les plus de 50 ans représentent 30 % des licenciements. « Il est faux de dire que les entreprises règlent leurs problèmes économiques en licenciant les seniors. »

Pour l'Apec, le principal problème concerne les conditions de rupture : « La placardisation, la marginalisation sont fréquentes. Non pas uniquement pour les seniors, mais pour l'ensemble de la catégorie cadre. L'employeur recherche la faute. On note une dégradation des relations entre les entreprises et les cadres. Plus de violence. La pression des actionnaires s'accentue et les dirigeants n'hésitent plus à évincer leurs collaborateurs pour donner un signe fort au marché. » Une tendance qui semble avoir peu de chances de s'inverser avec la possibilité de séparation à l'amiable, issue de l'accord sur la modernisation du marché du travail.

Chômage de longue durée

Or, contrairement à leurs cadets, lorsqu'ils perdent leur emploi, ils ont davantage de difficultés à en retrouver un : le taux de chômage de longue durée s'établit, pour eux, à 6,4 % contre 1,6 % pour les moins de 30 ans. Par ailleurs, le retour à l'emploi s'accompagne de concessions, voire de sacrifices : dans trois cas sur dix, l'emploi retrouvé est précaire (CDD, intérim). Dans deux cas sur trois, il s'accompagne d'une baisse de rémunération, et dans quatre cas sur dix, le cadre a accepté une baisse des responsabilités exercées, voire une perte de son statut de cadre. C'est pourquoi, l'Apec invite le gouvernement à « ne pas sortir l'artillerie lourde » pour répondre au chômage de longue durée qui concerne 40 000 à 50 000 cadres.

Accompagnement

« Toutes les mesures qui fragiliseraient des personnes qui ont besoin de temps pour se restructurer ne seraient pas les bienvenues », plaide Gabriel Artero. En ligne de mire, la réduction de la période d'indemnisation, qui ne ferait, selon l'Apec, qu'aggraver le problème. Un accompagnement relativement long serait nécessaire, à l'image de l'Allemagne, qui a rallongé les périodes d'indemnisation des plus de 50 ans. En revanche, l'Apec ne peut qu'encourager la suppression des dispenses de recherche d'emploi. Depuis 1985, les chômeurs de plus de 57 ans et demi (ou de plus de 55 ans sous certaines conditions) peuvent, en effet, conserver leurs droits à l'indemnisation sans avoir à effecteur les démarches régulières demandées aux autres chômeurs. « A 56 ou 57 ans, les seniors sont entrés dans une autre zone, notamment en raison de cette dispense de recherche d'emploi. Sa suppression serait une incitation supplémentaire à rester dans le coup. »

Des pilotes de ligne veulent reculer l'âge de la retraite

L'association de pilotes de ligne PNT (personnels navigants techniques) 65 demande, dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy datée du 22 avril, de permettre aux pilotes de continuer à travailler entre 60 ans et 65 ans. La missive concerne aussi les hôtesses et stewards, dont la cessation d'activité est fixée à 55 ans.

Rejet de deux amendements

PNT 65, qui revendique 450 adhérents, dénonce le rejet, par l'Assemblée nationale, de deux amendements au projet de loi «sur la modernisation du travail», qui permettaient de remédier à la situation.

Cette association, qui s'est aussi adressée à la Commission européenne, regrette une discrimination par l'âge de l'Etat français et indique que, dans beaucoup d'autres Etats européens, les pilotes peuvent voler jusqu'à 65 ans, y compris dans l'espace aérien et au départ des aéroports hexagonaux.

En effet, en mars 2006, l'Organisation de l'aviation civile internationale a relevé l'âge limite de départ des pilotes à 65 ans.

Mais une partie des pilotes français, en particulier ceux d'Air France, regroupés dans Alpa (union du SNPL et du Spac au sein de la compagnie et qui représentent la majorité des pilotes français) ne veulent pas de ce recul de l'âge de cessation d'activité. Même si le SNPL lui-même constate une expatriation croissante des pilotes français de 60 ans, alors que le secteur est demandeur.

Prise en compte de la pénibilité

Quant aux personnels navigants commerciaux, Air France, préparant son entrée dans le droit commun, avait demandé aux pouvoir publics la prise en compte de la pénibilité de ces métiers et obtenu, en 2004, un décret sur la cessation d'activité des hôtesses et stewards à 55 ans. Ce qui lui permettait de pérenniser un départ anticipé à partir de 55 ans, existant dans l'entreprise publique et pris en charge par sa caisse de retraites. Un collectif de navigants d'autres compagnies avait déjà, à l'époque, tenté un recours devant le Conseil d'Etat.

GUILLAUME LE NAGARD