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Les pratiques

Etats-Unis IBM transforme ses seniors en fonctionnaires

Les pratiques | publié le : 22.04.2008 |

La direction de «Big Blue», désireuse de jouer son rôle d'entreprise citoyenne, encourage ses salariés âgés à combler les vides dans la fonction publique, dans l'enseignement comme dans l'administration fédérale.

Katherine Kelly, 50 ans et des poussières, a poussé pour la première fois la porte de sa classe de mathématiques en septembre dernier, au lycée Harvey, dans la banlieue de New York. Cet ancienne cadre d'IBM, cumulant vingt-cinq années chez «Big Blue» avant de devenir professeure, fait partie des 12 pionniers qui viennent de sortir du programme «Transition to Teaching Initiative», mis au point par la compagnie. Katherine Kelly avait déjà donné des cours pour IBM en Chine, au Japon, à Hong kong et en Australie. Elle appréciait l'enseignement et, quinquagénaire en pleine forme, elle se disait qu'elle pourrait, un jour, en faire une seconde carrière. Lorsqu'elle a entendu parler du programme Transition, qui s'adresse aux IBMers seniors ayant travaillé au moins dix ans dans le groupe, elle s'est immédiatement signalée.

Une entreprise civique

« Nous voulons être une entreprise civique qui se fait du bien tout en faisant le bien », dit Stanley Litow, vice-président de la citoyenneté d'entreprise chez IBM. L'objectif de cet ancien ponte des services de l'éducation de la ville de New York est triple. Il désire d'abord aider le gouvernement américain, qui cherche désespérément 250 000 professeurs de mathématiques et de sciences ; il se dit à l'écoute des baby-boomers IBMers, pas du tout prêts à prendre leur retraite sur les terrains de golf ; il espère donner une bonne image d'IBM, dévoué à ses salariés et à sa communauté. « Cela nous aidera sans doute à créer de solides relations avec l'extérieur », estime-t-il.

IBM a donc financé, à hauteur de 15 000 dollars par tête, les études de 100 volontaires futurs professeurs. Katherine Kelly a, ainsi, passé son diplôme en suivant des cours du soir à l'université Pace, tout en poursuivant son activité chez IBM. Quelques mois après le début sa nouvelle carrière, l'enseignante le reconnaît aisément : sa fiche de paie a souffert. Mais elle touche la retraite d'IBM, dont elle a aussi gardé l'assurance santé.

Aide au recrutement

« Pour ce type de recrutements non traditionnels, le taux d'abandon en cours de route frise souvent les 50 %-60 %, explique Stanley Litow. Mais, chez nous, personne n'a encore lâché. » La direction d'IBM est si satisfaite de ce programme citoyen qu'elle l'étend. Elle a signé, l'an dernier, un pacte avec le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, pour l'aider à recruter des professeurs dans cet Etat. Et elle vient de s'accorder avec le Premier ministre Gordon Brown pour faire de même en Grande-Bretagne.

Stanley Litow va encore plus loin. Il se propose d'aider la Maison Blanche à trouver de nouveaux fonctionnaires pour remplacer les armées de baby-boomers qui s'apprêtent à prendre leur retraite dans les cinq ans. Le coup de main d'IBM va d'abord se concentrer sur les fonctionnaires du Trésor : 14 000 d'entre eux vont quitter leur emploi dans les deux ans, près de 8 000 dans la seule division des impôts. Dans cette administration, de nombreux emplois au service des achats, dans l'informatique et en comptabilité vont se libérer. Et, à partir de juillet prochain, IBM diffusera l'information auprès de ses salariés seniors. Favoriser l'accès à l'administration fédérale à de talentueux anciens de Big Blue ne saurait nuire au géant de l'informatique.