Le stress est une notion issue de la physiologie, qui sert à exprimer le malaise psychologique des travailleurs bien qu'elle reste, paradoxalement, complètement absente des théorisations des psychologues. Autre paradoxe : dans le langage courant, tout le monde sait ce qu'est le stress, et ses effets délétères semblent ne faire de doute pour personne. Pourtant, les définitions auxquelles les uns et les autres se réfèrent restent extrêmement floues.

Sous le vocable «stress», on entend à la fois la large palette des réactions individuelles à une surcharge de travail ou de responsabilités ainsi que toutes les pathologies associées, et une réalité sociale indépendante des personnes, concernant des groupes sociaux, les cadres notamment. Au-delà de sa réalité objective, le stress est également un enjeu de lutte pour les salariés, qui, selon les cas, le brandissent comme l'étendard de la souffrance au travail ou, au contraire, dénient son existence au nom d'une pénibilité «objective» des conditions de travail.

Dans le secteur public, le service aux usagers, ou au client, pose de manière redondante la question du stress des agents. Une équipe de sociologues, chercheurs au CNRS, s'interroge, non pas tant sur ce qu'est le stress ni sur la pertinence du concept pour exprimer le malaise au travail, mais sur les enjeux du recours à ce concept dans le débat employés/syndicats/puissance publique. Une analyse qui, rétroactivement, pourrait contribuer à rendre la notion moins fumeuse.