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Michelin revendique son «savoir-faire» pour fermer Toul

Enquête | publié le : 15.04.2008 |

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Michelin revendique son «savoir-faire» pour fermer Toul

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A Toul, Michelin estime avoir mis en pratique tout son savoir-faire pour accompagner la fermeture de l'usine Kléber et réindustrialiser le bassin. Les syndicats n'en dénoncent pas moins un manque de concertation et de transparence.

«Développer l'Est, muscler l'Ouest. » Nouveau mot d'ordre de Michelin, la devise traduit la volonté de l'équipementier de conquérir de nouveaux marchés, de l'Europe de l'Est à la Chine, tout en confortant de manière volontariste ses bases «historiques» d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord. Cette stratégie a pourtant trouvé ses limites dans le cas de l'usine Kléber de Toul (Meurthe-et-Moselle), jugée obsolète et peu compétitive. « Longuement réfléchie, cette décision irrévocable est assortie de mesures d'accompagnement fortes et de l'engagement de recréer l'emploi en région », souligne la porteparole du groupe.

Accompagnement

Chaque salarié se verra, ainsi, proposer deux emplois au sein des 16 usines françaises du groupe. Mais les usines de pneus comparables au site toulois se trouvent, pour les plus proches d'entre elles, à Tours et à la Roche-sur-Yon. Cet éloignement explique sans doute qu'une centaine de salariés à peine se soient déclarés prêts à jouer la carte de la mobilité, en dépit des mesures incitatives - déménagement pris en charge, prime de mutation de 17 000 euros, aide au retour à l'emploi du conjoint - proposées par l'employeur. Les salariés n'entrant pas dans ce dispositif bénéficieront de mesures d'accompagnement pour retrouver un emploi.

Réindustrialisation

A ce plan social, d'un montant de 130 millions d'euros, s'ajoute un volet consacré à la réindustrialisation. Michelin mobilise sa filiale spécialisée, la Société d'investissement et de développement (Side), pour recréer, d'ici à 2011, autant d'emplois que la fermeture de l'usine en aura détruit. Michelin et Suez ont, d'ores et déjà, annoncé la création d'une usine de recyclage de pneus usagés, assortie d'un centre de recherche et de développement, qui devrait créer 300 à 400 emplois à Toul d'ici à trois ans. Jugée «socialement responsable» par le groupe Michelin, la fermeture a pourtant suscité des conflits, voire des dérapages. Quarante salariés du site ont ainsi été entendus pour séquestration et dégradation, trois dirigeants de l'entreprise ayant été retenus dans l'usine durant quatre jours en février dernier. « Michelin nous a imposé ses choix sans jamais négocier sérieusement. Le groupe a décidé seul, sans même accepter de nous donner le détail des 130 millions provisionnés pour la fermeture du site », accuse Pierre Kovalski, délégué CGT de Kléber. L'autre grief des salariés concerne le secret dans lequel Michelin a, selon eux, décidé de la fermeture du site en 2004. « Etre responsable, c'est prévoir. Le groupe aurait pu mettre ces trois ou quatre années à profit pour instaurer une réelle GPEC et fermer le site sans licenciement », estime le syndicaliste.

Michelin

• Secteur : fabrication de pneumatiques.

• Effectifs : 121 000 salariés, dont 826 à Toul.

• Chiffre d'affaires 2007 : 16,8 milliards d'euros.