L'organisme collecteur Opcalia Rhône-Alpes teste avec succès une formation sur la prévention des addictions en entreprise.
«Chaque entreprise est concernée par les addictions à hauteur de 6 % de ses salariés. » Partant de ce constat, effectué par le cabinet spécialisé Restim, Opcalia Rhône-Alpes a souhaité expérimenter une formation à la prévention sur ce thème tabou. « Le plus dur a été de trouver les entreprises, indique Brigitte Poncet, chef du projet Hygie, financé par l'Etat et le Fonds unique de péréquation*. Certaines se disaient concernées, mais ne souhaitaient pas agir tout de suite... »
Le 12 novembre 2007, l'organisme parvenait tout de même à réunir six binômes associant membres de la direction et salariés, issus de quatre PME et deux associations.
« Nous leur avons proposé de les aider, non pas à agir sur les personnes à titre individuel, poursuit Brigitte Poncet, mais à mettre en place un plan de prévention collectif. » Ainsi, jusqu'à fin janvier, durant six jours et demi, les stagiaires ont alterné formations interentreprises et accompagnements individualisés.
Première étape : un diagnostic réalisé par Restim, puis trois sessions théoriques sur les aspects médicaux, juridiques et sociaux de l'addictologie. Enfin, retour dans l'entreprise pour coconstruire le plan de prévention avec le consultant. « Il est ressorti très rapidement que le binôme est devenu le référent prévention dans l'entreprise », se félicite Brigitte Poncet.
« Nous ne connaissions le sujet que sous l'angle disciplinaire, témoigne l'une des stagiaires, Nuray Keles, juriste de Vie et Véranda (69), également chargée des RH. La formation nous a permis de prendre du recul et, surtout, d'aborder le problème sous l'angle des ressources humaines. » Dès le début du stage, avec l'autre membre du binôme, déléguée du personnel, la juriste a monté un groupe de travail pour élaborer un plan portant sur la détection des situations difficiles et sur la gestion de la prévention : « Comment rassurer le salarié, lui faire prendre conscience qu'il existe pour lui autre chose que la sanction », explique Nuray Keles.
Chez Jaillance, coopérative de clairette de Die (Drôme), un projet de prévention des addictions avait déjà été lancé en février 2007. « Le CHSCT avait décidé de former, parmi la centaine de salariés, 40 personnes occupant des postes à risques : conducteurs de chariot, manipulateurs de produits chimiques..., explique Nathalie Lasset, responsable RH. L'initiative a été très bien accueillie par les intéressés, mais ils se demandaient pourquoi ils étaient les seuls à être formés. Le stage d'Opcalia est arrivé à point nommé. »
Nouvelle dans l'entreprise, la RRH l'a suivi en compagnie du binôme direction-salarié. « Très formateur, commente-t-elle, grâce à des interventions très professionnelles, mais accessibles, d'un médecin, d'un avocat... »
Depuis janvier, le groupe né au sein de l'entreprise a déjà pris de nombreuses initiatives (création d'affiches, projets de dépliant joint aux feuilles de paie, de message dans le livret d'accueil des saisonniers vendangeurs...). « Présenté aux cadres le 14 février, puis au CHSCT, le 18 mars, le plan a ensuite été annoncé à l'ensemble du personnel », poursuit la RRH de Jaillance, qui souhaite associer de nouveaux salariés au groupe de travail.
* Collecteur des reliquats des fonds de formation CIF et professionnalisation.