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On ne parle que de soi

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 08.04.2008 |

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On ne parle que de soi

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Dans nos tensions relationnelles avec les autres, on a souvent la certitude de défendre une position juste. C'est plutôt l'autre qu'on ne comprend pas. Et pourtant, dans tout conflit, on parle essentiellement de ce qui n'est pas résolu en soi.

Quand quelqu'un nous énerve, par exemple, on le critique, on relève dans son comportement mille défauts qui nous sautent aux yeux, alors qu'on ne les voyait peut-être pas auparavant. De quoi parlent-ils, ces défauts ? Essentiellement de nous, de notre peur d'avoir les mêmes travers, de nos mauvais souvenirs, de notre jalousie devant la liberté de l'autre, de notre besoin de pouvoir... En fait, ils racontent une histoire très personnelle, celle des parties de nous-même que nous avons décidé de nier pour éviter l'inconfort. Tel manager est lent à prendre une décision ? Quel manque de courage, pense-t-on ! On préfère ainsi conserver de soi l'image de quelqu'un qui s'implique et agit plutôt que de reconnaître que cela nous arrive aussi de douter, tergiverser et laisser traîner les choses.

Cet autre interlocuteur nous a déçu ? Il a trahi la confiance qu'on lui faisait ? On est blessé, on le fustige, on ne comprend pas ce qui s'est passé. Car c'est sûr, le problème, c'est lui. Au fil du temps, on s'est forgé des convictions sur les comportements «acceptables» ou «non acceptables» chez les autres. Cela nous évite de regarder les petits et grands désordres que l'on porte en soi. Les incohérences, les contradictions, les personnes que l'on a laissé tomber, les comportements qui n'ont pas été à la hauteur de nos valeurs. Personne n'est parfait, c'est sûr, mais comme on a du mal à l'accepter, on préfère critiquer ceux qui nous déçoivent.

Lorsqu'il est tendu ou angoissé, l'individu exprime davantage son «ombre», disait Jung. Il devient plus cassant dans les relations, davantage centré sur lui-même et certainement moins civilisé. En fait, nous possédons tous un vaste potentiel de qualités, chacune d'elles se présentant comme un couple de polarités antagonistes : gentillesse et méchanceté, vérité et mensonge, courage et lâcheté, humour et cynisme... Personne n'arrive à maintenir son comportement à 100 % du côté positif, le curseur se promène entre les deux extrêmes. Et cela nous mine. Par contrariété, on surréagit. Si l'on s'était donné comme valeur d'être fiable ou transparent, par exemple, voir quelqu'un ne pas tenir ses engagements ou travestir la réalité nous irrite. Car son comportement nous rappelle la partie faillible de nous-même, celle avec laquelle nous n'avons pas fait la paix. Bonnes questions : qu'est-ce que je ne supporte pas chez les autres ? Sur quels sujets suis-je particulièrement intransigeant ? Retrouver la sérénité dans les relations commence effectivement par accepter la totalité de soi-même, y compris ces petites ou grosses faiblesses qu'on ne supporte pas chez les autres.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>