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L'emploi au coeur du plan stratégique de La Poste

Les pratiques | publié le : 01.04.2008 |

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L'emploi au coeur du plan stratégique de La Poste

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Maîtrise des effectifs, mobilité, amélioration de la qualité de l'emploi, développement des compétences... Le plan stratégique de La Poste 2008-2012 prévoit, à côté des objectifs liés aux activités du groupe (courrier, colis et express, enseigne et banque postale), un plan ambitieux en termes RH. A la clé, une meilleure qualité de l'emploi.

Grande première à La Poste : cette année, les 300 000 salariés (200 000 fonctionnaires et 100 000 contractuels) vont toucher une prime d'intéressement comprise entre 50 et 150 euros au titre de l'année 2007. Cette prime pourra être perçue directement ou placée en épargne salariale. L'entreprise a, en effet, ouvert, en mai dernier, un plan d'épargne groupe (PEG) et un plan d'épargne collectif pour la retraite (Perco). Chaque postier a donc la possibilité de placer jusqu'à 4 % de sa rémunération annuelle brute sur le Perco jusqu'à son départ en retraite. La Poste a cherché à faire accepter les réorganisations (ouverture à la concurrence, plus grande performance économique, qualité de service) en proposant des compensations financières à ses salariés. Avec un chiffre d'affaires qui s'établit à 20,8 milliards d'euros en 2007, en hausse de 3,4 %, et un résultat d'exploitation supérieur à 1,28 milliard d'euros, l'entreprise affiche, en effet, de belles performances économiques, notamment dans le domaine du colis-express.

Hisser l'entreprise au niveau des leaders

Mais plusieurs défis restent à relever : en premier lieu, la libéralisation totale du courrier, en 2011 (pour le courrier de moins de 50 grammes), et le durcissement de la concurrence dans le domaine bancaire avec la généralisation de la distribution du livret A à l'ensemble des réseaux. Comment affronter ces mutations, notamment face aux redoutables postes allemande et hollandaise ? Comment se hisser au niveau mondial et, surtout, adapter les compétences des personnels aux changements qui se dessinent ? C'est l'objectif du nouveau plan stratégique 2008-2012, baptisé «Performance et confiance», présenté par Jean-Paul Bailly, président de l'entreprise, à la mi-mars, et destiné à hisser l'entreprise au niveau des leaders « européens de services innovants ». « Il faut développer la performance commerciale, la performance économique et l'innovation. Faire en sorte que la culture de la vente devienne partie intégrante de la culture d'entreprise », a-t-il déclaré.

D'ores et déjà, des progrès ont été faits. La Poste a revu, en 2005, son organisation, jugée jusqu'alors trop «administrative», en créant quatre activités (courrier, colis et express, enseigne et banque postale). Les niveaux hiérarchiques ont fondu pour passer à trois strates (national, régional et local). Le problème de financement des retraites est en passe d'être réglé. L'entreprise cotisera bientôt au même titre que les entreprises privées. Surtout, La Poste profite, depuis 2006, des allègements de charges sur les bas salaires et réalise, ainsi, un gain de 200 millions d'euros par an. Une chance pour cette entreprise qui compte près de 90 % de salariés payés entre 1 Smic et 1,2 Smic. Par ailleurs, un plan de modernisation industrielle du courrier a été lancé, doté de 3,4 milliards d'euros. A mi-parcours, celui-ci a déjà permis d'améliorer fortement la qualité de service.

Maîtrise des effectifs

Mais l'entreprise affiche encore plusieurs handicaps : une masse salariale importante, une présence coûteuse sur l'ensemble du territoire, un déficit de compétences, et des emplois... précaires. Autant dire que l'entreprise publique, qui est la première société en termes d'emplois en France (soit 1 % de la population active), a fait de la maîtrise de ses effectifs une priorité. Les départs à la retraite des postiers nés lors du papy-boom facilitent l'opération ; 10 000 fonctionnaires sont partis à la retraite l'an dernier ; 13 000 départs sont attendus pour les deux à trois prochaines années. Seul un sur deux est compensé.

Au total, l'entreprise a recruté 5 000 personnes en 2007, notamment dans les fonctions commerciales (conseillers financiers), au détriment du back-office, aux effectifs trop élevés. En 2012, la bascule sera faite, La Poste comptera plus de salariés de droit privé que de fonctionnaires. Une étape importante sur le plan social puisque, selon Georges Lefebvre, directeur général et DRH, les disparités salariales entre les deux statuts peuvent atteindre, après une vingtaine d'années de carrière, 30 % à 40 %, au profit des fonctionnaires.

La maîtrise des effectifs passe également par des transferts vers la fonction publique d'Etat et les collectivités locales. A l'instar de France Télécom, de Giat Industries ou de DCN, La Poste cherche, aujourd'hui, à accélérer les départs volontaires. En 2007, l'opérateur s'est séparé de près de 350 agents. Ils pourraient être près de 3 000, cette année, à se diriger vers d'autres administrations. Une cellule création d'entreprise est également activée pour favoriser la mobilité externe.

Les bonnes ressources aux bons endroits

L'autre grand défi concerne la mobilité et la gestion des compétences. Objectif : disposer des bonnes ressources aux bons endroits ; 240 conseillers mobilité ont été déployés sur tout le territoire. Le groupe vient de créer une bourse d'emploi multimétier, coeur de son nouveau dispositif de mobilité interne, pour une mise en service cette année. Afin de lever les freins à la mobilité, La Poste propose des mesures d'accompagnement à tous les postiers, telles que le remboursement de frais de déménagement ou l'aide à la recherche d'un logement locatif. Les services financiers, particulièrement déficitaires en effectifs, proposent des primes à la mobilité fonctionnelle, qu'elle s'accompagne ou non de mobilité géographique. Le dispositif favorise les salariés qui rejoignent les fonctions de conseiller financier et de conseiller clientèle. Selon La Poste, 26 000 personnes ont été promues en 2007 (dont 9 115 facteurs) et 200 millions d'euros ont été consacrés à la formation du personnel. Parallèlement, l'opérateur a regroupé ses différents bureaux départementaux au sein d'entités régionales ; 1 800 personnes ont été concernées.

87 % des salariés à temps plein

Mais cette montée en gamme ne peut se faire qu'en développant la qualité de l'emploi. Souvent retoquée pour ses multiples CDD à répétition, l'entreprise a signé, en 2003, un nouveau modèle social et récolte, aujourd'hui, les fruits de ses efforts. Le choix a été fait d'abaisser fortement le taux des effectifs en CDD. De 5,7 %, il est tombé à 3,3 % en 2007, ce qui constitue, selon La Poste, un minimum. Elle propose également un CDI à tous les titulaires de CDD.

Aujourd'hui, plus de 87 % des salariés exercent à temps plein (contre moins de 60 % en 2003). « Nous avons proposé un complément d'activité soit géographique (dans un établissement proche), soit fonctionnel, assure Georges Lefebvre. C'est ainsi que les facteurs peuvent être amenés à relever des compteurs de gaz, ou que les personnels du guichet peuvent tenir une boutique d'objets connexes (papeterie) au sein d'un bureau de poste. Ce sont des activités valorisantes pour les salariés et elles constituent aussi un relais de croissance pour le groupe. »

Partenaires sociaux

Comment les partenaires sociaux perçoivent-ils le plan ? Pour la CGT, syndicat majoritaire, le nouveau plan stratégique s'inscrit dans la continuité. La confédération s'inquiète, toutefois, des nombreuses suppressions de poste (30 000 en trois ans), et du développement de la mobilité subie plutôt que choisie (éloignement géographique après la suppression de centres de tri et moindres passerelles vers les fonctions financières de plus en plus qualifiées). A FO, Didier Rossi, administrateur, membre du conseil d'administration de La Poste, pointe, lui, le déficit de compétences : « On ne peut pas se contenter d'une politique de formation sur le tas. Il faut revisiter l'ensemble des cursus pour créer de véritables parcours professionnels afin de coller aux exigences de la clientèle. »

Par ailleurs, le syndicaliste milite pour un développement de carrière et de salaire plus attractif afin de fidéliser le personnel (le turn-over est important dans les centres de tri et dans les fonctions commerciales), mais aussi pour favoriser la mobilité. « Nous avons des régions déficitaires en termes d'effectifs, comme en Ile-de-France, et des régions excédentaires. C'est une difficulté majeure, l'équilibre est très difficile à trouver. » Des revendications qui devraient être mises à nouveau sur la table lors de la négociation sur la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), à peine entamée.

L'essentiel

1 La Poste est confrontée à deux enjeux majeurs : la libéralisation totale du courrier en 2011 et le durcissement de la concurrence dans le domaine bancaire avec la généralisation de la distribution du livret A.

2 Le nouveau plan stratégique 2008-2012, baptisé «Performance et confiance», vise à hisser l'entreprise au niveau des leaders « européens de services innovants ».

3 Pour relever le défi, elle doit lever quelques handicaps en termes RH : la maîtrise des effectifs, la gestion des compétences, la mobilité et la qualité de l'emploi.

La Poste

Effectifs : 300 000 salariés.

Points de contact : 17 000.

Chiffre d'affaires : 20,8 milliards d'euros en 2007 (en croissance de 3,4 %).