Après les engagements relatifs à la responsabilité sociale pris dans son manifeste de 2006, voici venu le temps du bilan pour Vinci. Pour ce faire, le groupe de concessions et de construction (30,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires réalisé en 2007 avec 158 000 collaborateurs dans plus de 90 pays) a demandé à l'agence Vigeo d'auditer sa politique de diversité et d'égalité des chances. « Nous avons sollicité un audit externe parce que nous n'avions pas, en interne, les outils de mesure adéquats ni les moyens pour identifier les bonnes pratiques. Or, pour sensibiliser les salariés à ces enjeux et progresser, nos actions doivent être traçables et mesurables », justifiait le Pdg de Vinci, Xavier Huillard, lors de la publication des résultats, le 26 mars dernier.

Balayant 40 filiales du groupe et 6 pays, l'audit a porté sur l'égalité des sexes, l'insertion des travailleurs handicapés, l'égalité des chances des personnes issues de l'immigration et l'emploi des seniors. Pour chaque thème, Vigeo a noté les performances de 1 à 4, en distinguant trois étapes (définition d'une politique sur le thème, déploiement, résultats), dont la moyenne donnait une note globale assortie d'une tendance : en progression, stable ou en régression.

Vinci obtient, ainsi, sa meilleure note globale sur l'emploi des seniors (3-, stable, ce qui correspond à un engagement probant et à une maîtrise du risque de discrimination), grâce à une forte mobilisation sur la pénibilité et à des initiatives favorables au maintien des seniors dans leur emploi.

En ce qui concerne les personnes handicapées, le groupe décroche un 2+, en progression, qui atteste d'un engagement amorcé et d'une appropriation managériale partielle, mais à un niveau insuffisant pour garantir l'entreprise contre le risque de discrimination. La note est quasi identique pour les personnes issues de l'immigration (2 +, stable) : si l'entreprise leur sert d'ascenseur social, elle manque de processus solides pour prévenir la discrimination, doit élargir ses viviers de recrutement et investir en formation. Sur l'égalité hommes-femmes, Vinci reçoit une note inférieure (2, tendance en progression) : les responsables affichent leur volonté de féminiser l'encadrement, y compris dans les métiers opérationnels, mais la déclinent insuffisamment en actions concrètes.

Au-delà des notes, Vigeo a identifié les bonnes pratiques assurant l'égalité des chances dont les pôles moins bien notés pourront s'inspirer. Vinci prévoit, en effet, des audits de suivi, et d'étendre le processus à d'autres filiales. Mais pas question, pour autant, d'imposer aux managers des objectifs quantifiés en la matière ou de les récompenser directement sur leur capacité à mettre en oeuvre les engagements du groupe. Pour les motiver, la direction de Vinci s'en remet à l'effet vertueux que produisent naturellement la réalisation et la publication des audits. Elle s'affirme anti-quotas et estime que l'instauration d'une prime spécifique sur la diversité serait malvenue. « Nous avons déjà la possibilité de récompenser les managers sur des aspects non financiers. On ne peut pas tout mettre en équation, l'humain est trop complexe », argumente Xavier Huillard.