1999 : date de la privatisation de l'aéronautique publique (Aérospatiale) et de son mariage avec son ancien ennemi Matra Hautes Technologies, entreprise appartenant à Jean-Luc Lagardère. Etonnante alliance d'un mastodonte industriel avec une PME, certes très rentable, mais qui ne semblait, a priori, pas jouer dans la même cour.

Comme dans les contes, le plus petit d'entre les deux triomphe et remporte la mise - contre toute attente - sous le gouvernement Jospin. Après la fusion avec l'allemand Dasa, EADS devient le numéro deux mondial de l'industrie aéronautique.

La suite est une étonnante cascade de choix stratégiques aberrants, de paris financiers parfois hasardeux et, peut-être, de délits d'initié dans, apparemment, la plus totale indifférence vis-à-vis de la pérennité de l'entreprise, de ses salariés, voire des enjeux militaires en cause. Dans une logique strictement financière, EADS semble avoir joué, et continue de jouer, les résultats de court terme contre le long terme, les délocalisations contre l'emploi, le profit contre l'autonomie de l'Europe en matière de défense. Le tout sous couvert d'une communication incriminant la baisse du dollar comme cause principale des contre-performances de l'entreprise face à l'américain Boeing pour protéger les dirigeants.

Leslie Varenne, journaliste, au terme d'une enquête qui a duré une année, reconstitue le puzzle d'une histoire industrielle que l'auteur estime calamiteuse.

Leslie Varenne est journaliste indépendante.