La rareté du travail et la convergence avec des thèmes de sociologie générale (la famille, le rapport des sexes, etc.) ont été cause d'un regain d'actualité de la sociologie du travail. Parce qu'elle a accepté cet élargissement de son objet tout en refusant la dilution en tant que discipline, cette science semble, aujourd'hui, légitime pour comprendre les différents aspects de la relation de travail et de la relation salariale : compétence, organisation, motivation...

Les grilles de lecture se multiplient et se combinent, produisant de nombreuses approches originales. Cet ouvrage, coordonné par Jean-Pierre Durand, chercheur au Centre Pierre-Naville de l'université d'Evry, et par William Gasparini, de l'université Marc-Bloch de Strasbourg, se veut le reflet de l'état de la sociologie du travail aujourd'hui. Il interroge, de multiples manières, les rapports de l'individu au groupe. Par-delà leurs différences, tous les auteurs qui ont contribué à l'ouvrage cherchent à aller au-delà de l'idée simpliste selon laquelle il y aurait un travail et un monde du travail en soi, indépendamment de notre effort pour l'appréhender conceptuellement.

Le fait que le travail ne soit pas une réalité transcendante aux catégories de la pensée ne justifie cependant pas de s'en tenir à une approche purement subjectiviste, qui reviendrait à nier la dimension historique et sociologique dans laquelle se déploie l'activité des individus et des groupes. Au final, la réalité du travail n'est pas la pure agrégation de représentations et d'intérêts individuels, mais sa compréhension exige de nuancer les vérités générales par les vérités particulières. P. R.