Crise des subprimes aux Etats-Unis, ralentissement de l'économie, autant de questions qui placent le coût du crédit et du pouvoir d'achat au centre des préoccupations des Européens. Y compris des Espagnols, pourtant bénéficiaires, ces dernières années, d'une bonne santé économique (3,8 % de croissance à la fin 2007).

Mutua Madrileña, une entreprise de plus de 1 100 salariés, spécialisée dans l'assurance, propose, ainsi, à ses collaborateurs, depuis le mois de novembre dernier, de régler la différence entre le montant actuel de leur éventuelle mensualité de prêt immobilier, souvent autour de 5 %, et celui qui serait le leur avec un taux d'intérêt de 2,5 % inférieur, ce qui était le cas il y a encore deux ans (la quasi-totalité des prêts immobiliers en Espagne sont à taux variable). L'entreprise fixe cette aide au logement à 300 euros mensuels maximum.

« Les salariés se sont montrés enthousiastes et, dès le premier jour, nous avons reçu de nombreux mails », explique Dulce Subirats, directrice des ressources humaines chez Mutua Madrileña. La mesure, applicable depuis le 1^er janvier dernier, a, pour l'instant, convaincu 530 salariés, qui reçoivent, en moyenne, 200 euros chaque mois. La directrice des ressources humaines estime qu'une trentaine de personnes pourraient encore demander à bénéficier de cette aide au logement.

« Nous avions observé, peu à peu, que nos salariés, malgré les bons salaires que nous leur offrons, commençaient à se sentir angoissés ; et nous avons constaté que les augmentations ne leur permettaient pas d'absorber la hausse du coût du crédit ; ils perdaient donc du pouvoir d'achat », explique Dulce Subirats. Les jeunes et les moins anciens de l'entreprise, donc ceux avec les salaires les moins élevés, étaient particulièrement touchés par cette perte de pouvoir d'achat.

Comme les banques, Mutua Madrileña révisera, chaque année, le taux d'intérêt pour le revoir à la baisse ou à la hausse. « Cette mesure suppose un effort économique considérable, nous la maintiendrons jusqu'en 2012 », affirme Dulce Subirats.

Mais cette mesure originale n'est pas la seule de la compagnie. Elle fait d'ailleurs partie du plan Armonia, dont l'objectif est de se centrer sur la famille et les salariées, qui constituent 49 % du personnel. L'entreprise réalise, ainsi, des efforts économiques importants en offrant 6 000 euros pour chaque naissance ou adoption d'un enfant, une aide qui s'ajoute aux 2 500 euros promis par le gouvernement socialiste. Le congé maternité atteint 18 semaines, soit deux semaines de plus que ce qu'autorise la loi.

« Nous nous sommes aussi intéressés à des situations exceptionnelles, en accordant un an de congé maternité avec salaire lorsque la mère accouche de triplés, ou plus, ou d'un enfant handicapé ; nous proposons également une aide pour les dépenses de nos salariés qui doivent s'occuper de parents ou de descendants dépendants », ajoute la DRH. Famille, toujours, avec une aide de 100 % pour acheter les livres scolaires (payants en Espagne) des enfants des salariés.

Les efforts de Mutua Madrileña se sont vu récompensés puisque l'entreprise est la première assurance espagnole à obtenir le certificat «d'entreprise familialement responsable», accordé par la Fondation + Familia.