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« La qualité de vie au bureau commence à être prise en compte »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 25.03.2008 |

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« La qualité de vie au bureau commence à être prise en compte »

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E & C : Les nouveaux espaces de travail prennent-ils en compte la dimension de bien-être au bureau ?

A. d. I. : Parlons, tout d'abord, du contexte, qui est marqué par une intensification du travail et une montée en puissance des risques psychosociaux. La récente vague de suicides a agi comme un révélateur. La qualité de vie au bureau est donc un sujet qui préoccupe les entreprises.

L'autre élément contextuel important concerne la volonté des salariés d'harmoniser leur vie professionnelle avec leur vie personnelle. Cela s'explique, notamment, par la féminisation des emplois et l'avènement de la génération Y. Pour elle, se réaliser par son travail n'est plus une fin en soi.

E & C : Quelles sont les conséquences sur les espaces de travail ?

A. d. I. : Dans leur volonté d'intégrer la notion de qualité de vie au bureau, les entreprises privilégient deux méthodes. La première, qui est la tendance lourde, consiste à concevoir des plateaux paysagers agencés de manière à rechercher l'efficacité auxquels on greffe des espaces complémentaires dédiés au bien-être. A cela peuvent s'ajouter des services de conciergerie pour les salariés. Je qualifierai cette approche de fonctionnaliste avec un supplément d'âme.

Il y a une seconde vision, davantage ontologique, qui est beaucoup moins courante. L'ambition est, ici, de reformater le milieu de travail. Le constat de départ est l'abolition des frontières entre vie professionnelle et vie privée. Le salarié travaille chez lui, dans les transports, consulte ses e-mails pendant ses vacances. Du coup, l'idée est d'apporter une contrepartie à cet investissement en ajoutant, au bureau, des éléments de la sphère privée. C'est la logique suivie, par exemple, par une entreprise comme Laser. Ces précurseurs estiment que le brouillage des frontières entre le professionnel et le personnel sans la moindre contrepartie pour le salarié est un schéma qui, à terme, ne pourra pas tenir longtemps.

Dans le premier cas, l'efficacité l'emporte sur la qualité de vie, qui devient une notion introduite presque par défaut. Dans l'approche ontologique, c'est le concept de qualité de vie au bureau qui va générer de la productivité.

E & C : Les sites de production sont-ils toujours les parents pauvres ?

A. d. I. : Il est vrai que, traditionnellement, en France, la distinction entre siège social et usine était très prégnante en matière d'aménagement d'espaces de travail. On avait, d'un côté, les nobles, de l'autre, les vils. La donne est en train de changer. Les entreprises françaises se rapprochent des standards internationaux. En outre, le monde ouvrier a évolué. Les personnels d'exécution sont de plus en plus diplômés. Ils intègrent la classe moyenne. Les entreprises ont donc fait des efforts pour soigner les espaces de travail dans les sites de production, au-delà de toute considération ergonomique en matière d'aménagement des postes.