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Enquête

Ergonomie et GPEC pour réduire les inaptitudes

Enquête | publié le : 11.03.2008 |

Le vépéciste s'attaque à la pénibilité sur son vaste site logistique et prévoit, dans son accord de GPEC, des parcours professionnels qui prennent en compte la santé et le vieillissement.

Inflammations du canal carpien et lombalgies : des affections encore fréquentes à la Martinoire. Sur l'immense site logistique de Wattrelos, l'un des plus grands d'Europe, qui appartient à La Redoute, 160 salariés sont déclarés inaptes à occuper leur poste de travail. Cette inaptitude est partielle, dans la grande majorité des cas. « Mais il y a aussi des cas plus lourds, indique Serge Bouzin, délégué FO. Et des gens qui, en ce moment, attendent chez eux un reclassement. » Et c'est déjà un moindre mal pour Jean-Claude Blanquart, DSC CFDT et secrétaire du CHSCT : « Auparavant, ils étaient affectés à l'étiquetage, mais les gens finissaient par faire des dépressions, à coller des étiquettes toute la journée. » La direction, de son côté, souligne que ces cas d'incapacité élevée sont très rares - une dizaine à l'heure actuelle - et que le taux de reclassement des salariés déclarés inaptes est passé de 20 % à 68 % entre 2004 et 2007.

Amélioration

Si les syndicalistes eux-mêmes reconnaissent que l'entreprise a multiplié les actions d'amélioration de l'ergonomie depuis plusieurs années, ce site de 2 000 personnes n'en est pas moins, aujourd'hui, victime de décennies de gestuelles usantes, devant les balancelles qui transportent les colis, à l'emballage ou au ramassage. En outre, cette entreprise, dont la moyenne d'âge est de 42 ans, a basculé d'un coup dans une époque sans préretraites.

Dispositifs maison

« A La Redoute, nous avions des dispositifs maison, soutenus par l'Etat, précise Jean-Luc Lévêque, DRH de l'enseigne de vente à distance. Ils ont atteint leur apogée en 2003-2004, ont décru en 2005 et disparu depuis 2006. » Une telle situation signifie le maintien dans l'emploi de certains seniors vulnérables qui, il y a encore trois ans, auraient pu prétendre à un départ anticipé.

« Dès 2002, l'entreprise a entamé la réflexion sur la prévention, indique le DRH. A partir de 2004, nous avons mis en oeuvre un management de la prévention sur le site, avec une évaluation de l'ensemble des risques du périmètre et une formation de tout l'encadrement. Et nous multiplions les actions de formation sur les incidents, pour corriger les gestuelles et permettre une meilleure autonomie sur les postes. Nous développons aussi une logique de polyvalence et de mobilité avec, par exemple, des groupes d'affectation temporaire, qui permettent de changer de gestuelle, voire de susciter des volontés de changement d'affectation. »

Le site s'est attaché les services de deux ergonomes et a formé dix experts internes dans ce domaine. Ils ont lancé une révision des postes, établissant pour chacun un «score postural», sorte de cotation de la pénibilité qui ne doit pas dépasser un plafond. Soixante postes, pour plusieurs centaines de personnes, ont déjà été modifiés et allégés.

Accord GPEC

L'ensemble du programme de professionnalisation des gestes et d'amélioration des postes, nommé Cap progrès, se poursuit. Il figure d'ailleurs en bonne place dans l'accord de GPEC dont l'entreprise vient de boucler la négociation. Le texte a été signé par la CFE-CGC et la CFDT. « Cet accord comporte un volet sur l'amélioration de la santé au travail et sur la situation des seniors, précise Jean-Claude Blanquart. Certains postes ne peuvent pas être tenus plus de dix ans sans dommages ; il faut commencer à former les salariés assez tôt pour leur permettre de faire autre chose. » Le texte institue, notamment, une commission du CE «emploi, formation, GPEC», dont les missions, hormis la réflexion sur les emplois en mutation, seront, entre autres, d'examiner des projets de parcours professionnel intégrant au mieux les questions de la pénibilité et du vieillissement, et de veiller à l'amélioration des actions menées en faveur des seniors. Le volet de l'accord qui leur est spécifiquement consacré, instaure l'entretien de seconde partie de carrière, et promeut le tutorat.

Des dispositifs qui ne peuvent solder un passé où la santé au travail n'avait pas pris la dimension qu'elle acquiert aujourd'hui, mais qui veulent assurer des conditions de travail soutenables pour les futurs seniors de la Martinoire.

La redoute

• Activité : VPC.

• Effectifs : 20 000 salariés (10 000 sur le site logistique).

• Chiffre d'affaires : NC.