Pas facile d'allonger la vie au travail lorsque les conditions de travail des salariés s'avèrent pénibles. Qu'importe, l'entreprise de transport et de logistique Stef-TFE a souhaité relever le défi. Tout en ayant conscience des contraintes physiques (port de charges), de température (jusqu'à -25°C) et d'horaires décalés, atypiques ou de nuit auxquelles sont soumis la majorité de ses salariés.

Participant au projet francilien Alliages, dans le cadre du programme européen Equal, la société a lancé une étude sociologique portant sur la gestion des âges. Trois axes sont choisis par le comité de pilotage, paritaire, du projet : parcours professionnels et diversité (visant à diversifier les carrières, assurer l'employabilité et sensibiliser aux stéréotypes sur l'âge), coopérations intergénérationnelles, et santé au travail.

Ce dernier, assez innovant, concerne essentiellement l'alimentation. « Il a été mis en exergue par deux ergonomes venus fin 2006 étudier notre environnement. Leur conclusion était sans appel : nos salariés se nourrissent mal, ce qui occasionne une certaine fatigabilité », explique Robert Isabella, DRH adjoint pôle transport et DRH services centraux. Il était urgent de travailler sur une meilleure hygiène de vie pour tous les salariés et non pas seulement pour les seniors. « Nous avons donc mis en place une expérience pilote sur l'un de nos sites de produits surgelés, à Cergy, en région parisienne », complète-t-il. Au menu : deux entretiens individuels entre un nutritionniste et les salariés volontaires (80 % ont répondu présent), espacés de trois mois. Le tout relayé par la médecine du travail.

« Dans un premier temps, ces professionnels interrogeaient les salariés sur leur manière de s'alimenter et leur dispensaient différents conseils adaptés à leurs rythme et conditions de travail. Boire beaucoup pour ceux soumis au froid, prendre un repas complet assis durant les horaires de nuit, des céréales et des sucres lents en cas de travail physique... », énumère le DRH. Également proposés : des exemples de collations et de sandwichs équilibrés. Au second rendez-vous, le nutritionniste évaluait les acquis et l'appropriation par le salarié des nouveaux principes nutritionnels.

Bilan : les salariés ont véritablement intégré de nouvelles règles alimentaires, qu'ils ont importées chez eux. À en croire le DRH, les signes de fatigue ont même diminué. Et cause à effet ? Le taux d'absentéisme a fondu. « Il était de près de 8,5 % fin 2006. Un an après, il est passé sous la barre des 5 % », souligne Robert Isabella, satisfait de la motivation dont ont fait preuve les salariés. Pourtant, le pari n'était pas gagné d'avance. « Notre population est principalement masculine. La nutrition et la diététique n'étaient pas, a priori, leur préoccupation première », souligne le DRH.

Demain, cette initiative devrait devenir nationale grâce à une campagne de sensibilisation de grande envergure. C'est ce qu'attend Gérard Baloche, délégué syndical CGT, membre du comité d'entreprise européen et du comité de pilotage. « La volonté de l'entreprise est bien là. Mais il n'y a pas de restaurant d'entreprise, et la situation de nos sites, en zone industrielle, présente peu d'opportunités de restauration. » Il en est convaincu : toute amélioration aura un coût. Et c'est là que le bât va blesser.

• Activité : transport et logistique sous température dirigée.

• Effectifs : 14 000 salariés.

• Chiffre d'affaires : 1,7 milliard d'euros.