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Les pratiques

Canada En Alberta, patrons cherchent employés désespérément

Les pratiques | publié le : 26.02.2008 |

L'Alberta, province pétrolière et gazière de l'ouest du Canada, est l'une des régions les plus prospères de la planète. Mais elle manque de main-d'oeuvre, et les activités minières captent toutes les compétences.

En décembre 2007, le taux de chômage en Alberta n'était que de 3,2 %. La croissance annuelle moyenne sur les dix dernières années a atteint 3,8 %. La dette publique est effacée. En 2006, l'excédent budgétaire de la province a dépassé 8,5 milliards de dollars. Les Albertains vivent un conte de fées économique et financier. Avec des réserves de 175 milliards de barils de pétrole des sables bitumineux, les 3,4 millions d'habitants disposent de la seconde source d'or noir de la planète, juste derrière l'Arabie saoudite.

Des secteurs «trop» attractifs

Mais la prospérité de l'Alberta s'est transformée en casse-tête pour le gouvernement provincial. « Les professions les plus en demande sont liées au secteur du gaz et du pétrole : des ingénieurs, des machinistes, des camionneurs ou des chefs de projet », assure Terry Jorden, responsable des communications du ministère de l'Emploi, de l'Immigration et de l'Industrie de l'Alberta. Ces industries paient très bien et elles drainent l'essentiel de la main-d'oeuvre.

La situation est catastrophique pour les autres secteurs, particulièrement dans la restauration et le petit commerce. Les restaurants sont parfois obligés de fermer certains jours, faute de bras pour servir les clients. La grande chaîne de cafés Tim Horton's, véritable institution en Amérique du Nord, est prête à verser à ses recrues de l'Alberta le double du salaire minimum. A Fort McMurray, à 450 km au nord d'Edmonton, la ville a doublé sa population en huit ans, passant de 36 000 habitants en 1999 à près de 70 000 aujourd'hui. La nouvelle Mecque du pétrole devrait dépasser les 100 000 âmes d'ici à 2010.

Choix des emplois

Là, les Burger King et autres Wal Mart ont érigé de grandes pancartes, avec force promesses de bonnes conditions de travail. Ces propositions sont dérisoires par rapport à ce que peuvent offrir des grandes sociétés qui ont, elles mêmes, beaucoup de difficultés pour recruter. Paul Beauchamp, vice-président d'Olymel, une entreprise porcine, dont une usine se situe en Alberta, a confié récemment au Journal de Montréal, hilare : « On ne manque pas de cochons en Alberta. On manque plutôt de travailleurs. » Olymel va chercher sa main-d'oeuvre en Europe de l'Est. Une bonne rémunération ne suffit pas, car les salariés ont le choix des emplois. « Les entreprises offrent des bonus, une semaine de travail plus souple, des mutuelles et même des abonnements dans des clubs de sport. D'autres salariés reçoivent un bonus pour la cooptation d'un autre travailleur », écrit la consultante Thelma O'Connor.

Abondance d'offres

Sur le site web du ministère de l'Immigration de l'Alberta, les offres alléchantes fleurissent. Récemment, Honeywell Process Solutions promettait mutuelle, fonds de pensions, stock-options, assurance vie et voyages à ses ingénieurs recrutés. Dans les provinces de l'est du Canada, d'aucuns se racontent ces histoires de conducteurs de tractopelles aux émoluments dignes de l'époque de la ruée vers l'or. « Ici, les gens quittent leur job pour une offre supérieure de seulement 50 cents de l'heure », confie Laurence, française, gérante d'une boutique d'articles de puériculture à Calgary. Moins de 1 400 Français vivent en Alberta, contre 120 000 au Québec. La manne ne semble pourtant pas près de se tarir, puisque l'Alberta a prévu qu'il y aurait des investissements de l'ordre de 50 milliards de dollars d'ici à 2011.