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Les pratiques

Etats-Unis Happy end pour la grève des auteurs d'Hollywood

Les pratiques | publié le : 19.02.2008 |

Auteurs et producteurs de cinéma et de télévision américains viennent de s'entendre, après trois mois de grève, sur les bénéfices à redistribuer. Retour sur un bras de fer qui avait tout pour durer.

Champagne et paillettes pour la cérémonie des Oscars, prévue le 24 février prochain à Hollywood. A la toute dernière minute, les scénaristes, en grève depuis plus de trois mois, ont fini par s'entendre avec les représentants des studios. Et les acteurs membres de la Screen Actors Guild, qui refusaient obstinément de franchir les piquets de grève, pourront, sans remords, enfiler leurs plus beaux smokings et robes longues pour assister à la grande fête du cinéma.

OEuvres sur Internet

Les 12 500 auteurs des grand et petit écrans ont trouvé un compromis avec Peter Chernin, l'un des pontes de News Corp, et Bob Iger, le Pdg des Studios Disney. Ils ont signé un contrat sur trois ans, leur donnant un petit pourcentage pour la transmission de leurs oeuvres sur Internet. La série télévisée leur rapportera 2 % des revenus accordés aux producteurs, et le film, 1,2 % des rentrées engrangées par le distributeur.

Les négociations entre scénaristes et patrons des studios ont pris un tournant positif au début de l'année 2008... lorsque de petits producteurs de films indépendants, Weinstein Co et United Artists, se sont entendus avec les auteurs, sans attendre le feu vert de la puissante Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), qui, normalement, représente la branche patronale. Puis, les réalisateurs, réunis sous la bannière de la Directors Guild of America, ont signé un contrat de trois ans avec l'AMPTP, dont les scénaristes se sont inspirés.

«Les revenus résiduels»

Au centre du conflit : ce que l'on appelle aux Etats-Unis «les revenus résiduels», c'est-à-dire issus des multiples usages d'un film ou d'une série télé, DVD, passages sur Internet, téléphones portables ou tout autre médium virtuel. Les réalisateurs ont décroché, grosso modo, un doublement de ce qu'ils gagnent aujourd'hui sur ces nouveaux modes de distribution des oeuvres. Et ils y ont ajouté une commission sur les petits films promotionnels proposés gratuitement sur la toile.

Les auteurs ont suivi cet exemple, même si le maigre pourcentage offert se révèle bien en deçà de leurs revendications.

« Cette grève a eu des aspects inhabituels, explique Ronald Seeber, professeur de relations du travail à l'université Cornell. On pouvait croire que ces scénaristes, individualistes qui travaillent seuls chez eux, ne sauraient pas s'entendre. Or, la corporation a affiché une certaine conscience de classe. Et ils ont bien compris que le seul moyen d'être efficaces était d'avoir une position commune. »

Principes de rémunération

Leurs revendications ont différé, elles aussi, du schéma usuel. « On n'a pas parlé d'augmentation de salaires, poursuit le professeur. Mais de principes. » Il s'agissait de décider comment distribuer équitablement la manne des revenus à venir, potentiellement plus lucratifs.

Enfin, et c'était bien le souci des organisateurs des Oscars, chaque camp pouvait se permettre d'attendre longtemps. Les auteurs, avertis, avaient mis de l'argent de côté. Et ils recevaient toujours des royalties pour des créations déjà réalisées. Les producteurs disposaient, eux, de nombreuses oeuvres «en boîte» lorsque le conflit a démarré. Et ils pouvaient jouer la carte des rediffusions un certain temps.

Les professionnels de la télévision devaient, certes, connaître leur offre de nouvelles émissions et d'anciens shows pour rencontrer les annonceurs, et parler tarifs publicitaires pour la prochaine saison. Mais ces rencontres n'ont lieu qu'en mai-juin. Chacun pouvait donc camper sur ses positions. La dernière grève des auteurs, en 1988, avait duré cinq mois.