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Les pratiques

La CCI du Havre coache les PME pour les aider à recruter

Les pratiques | publié le : 12.02.2008 |

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La CCI du Havre coache les PME pour les aider à recruter

Crédit photo

Au Havre, le marché de l'emploi repart. Mais les entreprises connaissent des difficultés de recrutement. Pour inverser la tendance, la chambre de commerce et d'industrie leur vient en aide pour «professionnaliser» leurs RH.

«Les candidats d'aujourd'hui sont bien préparés au processus de recrutement, les ateliers de reconversion les ont rodés. En face, nous, on court derrière les contrats et on lance nos annonces dans l'urgence. Résultat, nous maîtrisons moins bien l'exercice que les postulants. » La chargée du recrutement chez Logic Bureau, un centre d'appels du Havre, a donc décidé de se former au «B.A. BA» de la gestion des ressources humaines. Un jeudi par mois, depuis novembre 2007 jusqu'à mai 2008, elle assiste, dans les vastes locaux de la chambre de commerce et d'industrie, à des ateliers gratuits animés par des consultants. Ils s'adressent aux PME locales. Aujourd'hui, ils sont seize à participer à ce «Jeudi du recrutement» sur le thème de la présélection des candidats. « Nous ignorons ce genre de pratique, explique le manager d'EOS, entreprise spécialisée dans le matériel photo et vidéo, car nous sommes encore sur le coeur du métier. » Aussi, l'atelier est l'occasion de baliser les étapes, de faire le tour des méthodes, d'effectuer un tri des outils.

Un choix au feeling

Une logique très éloignée de la pratique actuelle de ces petites entreprises, qui fonctionnent de manière empirique. « Je me fie au dossier de candidature, et notamment à l'orthographe », confie le manager d'EOS. « Ce qui compte pour moi, c'est l'entretien. Je cherche toujours à déstabiliser mon interlocuteur pour qu'il tombe le masque, ainsi, je vois si ça colle », raconte le dirigeant d'Instrumentation Service, une entreprise d'ingénierie. Le feeling dirige les choix dans la majorité des cas. Mais ces pratiques comportent un fort taux d'erreurs, reconnaissent les PME.

Or, un mauvais recrutement, c'est du temps perdu, des clients perdus, voire des marchés perdus. Le dirigeant d'Instrumentation Service a même chiffré le coût d'une erreur : « Sur une activité de 2 millions d'euros, quand je me trompe sur un collaborateur, je perds 20 000 à 50 000 euros. »

De son côté, la CCI du Havre a bien pris conscience que le manque de savoir-faire en matière de ressources humaines de son réseau de 6 100 entreprises, dont 89 % de TPE-PME, réparties sur 29 communes, était un frein au développement de l'emploi et des compétences sur son territoire. Et «les Jeudis du recrutement» ne sont que la première application de la politique baptisée «CAP RH» qu'elle a lancée début 2007. D'autres suivront. Ainsi, CAP RH s'est fixé pour objectifs non seulement de développer l'accompagnement RH, mais aussi de renforcer les liens école/entreprise, d'améliorer l'image de l'entreprise et de ses métiers.

Pour établir son programme, elle s'est appuyée sur une enquête menée, début 2007, auprès de 1 100 établissements qui totalisent 30 100 salariés (hors intérim). Ils relèvent principalement du commerce, des transports, de l'industrie et des services aux entreprises, activités prédominantes du territoire : 49 % d'entre eux ont déclaré avoir eu, en 2005-2006, des difficultés de recrutement. En cause, l'image négative du métier, qui raréfie les candidatures ; l'écart entre la fiche de poste et le profil ; le manque de savoir-être et d'expérience des candidats. « Chez nous, précise Brigitte Bapt, responsable du pôle emploi formation ressources humaines de la CCI du Havre, le taux de chômage est de 2 points supérieur à la moyenne nationale. »

Une photographie des besoins

Dans le cadre de CAP RH, une photographie du territoire a donc été faite. « Nos entreprises, souligne Brigitte Bapt, cherchent des conducteurs routiers, des commerciaux, des chaudronniers, des employés de transit, des tuyauteurs. » Ce dernier métier a été étudié à la loupe. « On a mené une enquête avec les services de l'emploi sur les dossiers de l'ANPE, dit-elle. D'un côté, il y avait 150 offres et, de l'autre, 183 demandeurs d'emploi. On s'est aperçu qu'il n'y avait pas de vivier, car 60 % des demandeurs d'emploi inscrits travaillent régulièrement en intérim et ne sont donc jamais disponibles. Nous avons décidé d'agir en amont, auprès des écoles et de la Maison de l'emploi, pour inciter les jeunes à s'orienter vers ce métier d'avenir. »

L'extension du port relance l'emploi

De l'avenir, il y en a, en effet, au Havre, grâce à Port 2000, l'extension du port autonome. Plus grand chantier portuaire européen de ces vingt dernières années, il a été mis en service au printemps 2006. L'objectif est de tripler les trafics conteneurisés à l'horizon 2012. Ce projet a relancé l'emploi. « En 2007, 1 388 nouvelles entreprises ont été immatriculées, contre 1 317 en 2006, note Brigitte Bapt. Le Havre comptait un seul cabinet de recrutement en 2000, aujourd'hui, il y en a quatre. » CAP RH dispose de 600 000 euros pour accompagner ce retour de l'emploi.

L'essentiel

1 La chambre de commerce et d'industrie du Havre aide les entreprises à embaucher : une sur deux connaît des problèmes de recrutement.

2 Premier outil : «Les Jeudis du recrutement», des ateliers gratuits pour les TPE-PME qui ne bénéficient pas de département structuré dédié aux ressources humaines.

3 La démarche s'intègre dans le nouveau dynamisme de la ville. En effet, le port renaît grâce au développement de l'activité des conteneurs, qui génère des besoins en sous-traitance.