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Des caissières détendues et moins absentes

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 12.02.2008 |

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Des caissières détendues et moins absentes

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En septembre 2006, l'hypermarché Carrefour de Nice Lingostière, l'un des plus importants de France, a ouvert un espace consacré au bien-être des caissières soumises à un fort stress et à des TMS. Cette mesure a participé à la baisse de l'absentéisme.

Les conditions de travail dans la grande distribution (1) ne sont généralement pas associées à la notion de détente ! Pourtant, l'hypermarché Carrefour de Nice (980 salariés) a décidé d'offrir à ses employés un espace dédié au bien-être. Début 2006, l'occasion se présente lorsqu'une salle de pause de 70 m2 se libère. Parallèlement, une enquête menée par le CHSCT fait ressortir des conditions de travail stressantes et physiquement difficiles pour les 275 caissières.

S'occuper du corps

Les élus du personnel suggèrent alors la création d'un espace de relaxation. Un groupe de travail réunissant la direction et les syndicats est mis en place. « Nous avons été satisfaits que la direction accepte de s'occuper de la santé de son personnel », explique Marinette Rigotti, déléguée FO, syndicat majoritaire du magasin. « Nous proposions déjà des formations sur la gestion du stress et de l'agressivité, indique Dominique Tufner, responsable du service caisses. Mais nous nous sommes rendu compte qu'il était également important de s'occuper du corps et de proposer un lieu de détente. Par l'intermédiaire du siège de Carrefour, nous avons été mis en contact avec To Do Today, une société de services à la personne, qui est venue sur place pour définir les services à mettre en place. »

Un espace «cocoon»

Un espace axé sur le bien-être a été créé. Dans cet îlot «cocoon», un fauteuil électronique scanne le dos du salarié pour identifier et agir sur les points sensibles et douloureux. A ces prestations de relaxation gratuites, viennent s'ajouter des soins esthétiques à des tarifs préférentiels (de -20 % à -50 %). Les rendez-vous peuvent être pris du lundi au vendredi de 11 heures à 16 heures. « Au départ, nous avons même eu du mal à croire que cela allait se faire, car rares sont les entreprises à se soucier du bien-être de leurs salariés, reconnaît Marinette Rigotti. La France est très en retard sur ces questions par rapport à l'Asie et aux Etats-Unis, où ce genre de services est davantage répandu. »

En place depuis un an et demi, l'espace est utilisé aussi bien par les jeunes que par les plus âgés. « Il fait désormais partie du paysage, et la salle est rarement vide », confirme la déléguée syndicale. Le magasin ne dispose pas encore de chiffres de fréquentation précis, mais estime que 75 % des caissières l'utilisent régulièrement. « Comme cela a créé un peu de jalousie de la part des autres services, l'espace leur a été ouvert. Même les hommes l'utilisent ! », indique Dominique Tufner.

Davantage à l'écoute du salarié

La direction est consciente que cet espace ne règle pas tous les problèmes, mais fait partie d'un tout. Différentes actions sont menées, parmi lesquelles des efforts importants de l'encadrement pour davantage écouter les salariés. Les résultats sont probants puisque le taux d'absentéisme de cet hypermarché est passé de 14 % en 2000 à 3,3 % en 2007, soit le deuxième plus faible taux des magasins Carrefour en France.

Cette expérience inspire d'autres enseignes du groupe. Si une conciergerie existe également, depuis 2006, au siège social de Carrefour, à Evry, en région parisienne, d'autres magasins testent actuellement des services aux salariés, sous des formes parfois un peu différentes (garde d'enfant...). « Mais tous ne peuvent pas s'offrir ce genre de prestations », remarque Dominique Tufner. Stéphanie Cardot, dirigeante de To Do Today, estime que, pour une prestation semblable à celle de Nice, il faut compter de 20 000 à 50 000 euros de coût de fonctionnement annuel, selon l'amplitude horaire et la nature des services proposés, en incluant le salaire de l'esthéticienne, l'amortissement du matériel et les assurances.

A Nice, d'autres attentes liées aux conditions de travail ont abouti, telles que l'arrivée, fin 2007, de nouvelles chaises ergonomiques pour les caissières. « Il y a une volonté de faire avancer les choses de la part de la direction et des salariés, même si cela prend parfois quelques années en raison des investissements financiers », se félicite Marinette Rigotti.

(1) L'enquête «Ergodistrib», réalisée en 2006 par 355 médecins du travail sur un panel de 5 000 salariés de la grande distribution, avait notamment mis en avant la prépondérance des TMS dans ce secteur ; 85 % des salariés déclaraient leur travail physiquement fatigant. Dans la foulée, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) avait annoncé la mise en place de mesures de prévention, ciblant en particulier les directeurs de magasin.

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