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Enquête

Gérard Collomb, adepte de la rigueur

Enquête | publié le : 12.02.2008 |

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Gérard Collomb, adepte de la rigueur

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La direction de la Ville de Lyon dit avoir investi sur la performance des services au public, grâce au dialogue social. Les syndicats retiennent, quant à eux, le problème des reconversions et celui des conditions de travail.

Les derniers sondages lui donnent un net avantage sur son concurrent UMP, Dominique Perben. Gérard Collomb, l'actuel maire PS de Lyon, jouit pleinement de son héritage barriste dans cette ville, la troisième de France, réputée modérée et plutôt bonne gestionnaire.

Dans son administration, la mise en place de l'ARTT, en 2001, restera comme le projet emblématique de son mandat : six mois de négociation pour passer de 37,5 à 35 heures et redéfinir le périmètre des activités dans 400 services municipaux. Avec, à la clé, la création de 80 emplois et un élargissement des horaires d'ouverture de la plupart des établissements sociaux et des mairies d'arrondissement.

Politique de dialogue social

« Cet accord a été l'acte fondateur de notre politique de dialogue social et de management », s'enthousiasme Henri Jacot, son adjoint aux ressources humaines. Mais il a été aussi le seul texte soumis à la signature des partenaires sociaux.

L'autre grand chantier a concerné le redéploiement des effectifs. Service par service, les besoins sont passés au crible. Le maire a tenu à réaliser ses promesses de campagne : le renforcement de la sécurité et des services aux personnes dépendantes et à la petite enfance. Et ce, sans plomber les dépenses de personnel.

Renforcement de la police municipale

La police municipale a été la première bénéficiaire de cette réorganisation : avec 323 emplois permanents fin 2006, c'est la plus importante de France. Par ailleurs, des cursus d'apprentissage ont été mis en place pour répondre à la demande de services à la personne. Parallèlement, elle a créé de nouveaux métiers, comme les acheteurs, par exemple, venus du privé, chargés de diminuer les frais de fonctionnement en rationalisant les achats. Mais ce redéploiement a un revers : pour garder un budget constant, elle a dû faire des coupes claires sur d'autres fonctions. La Ville a, ainsi, supprimé des activités éducatives et de loisirs (60 emplois) basées hors de Lyon.

Plan prévisionnel

Le même accord d'ARTT a servi à jeter les bases, l'année suivante, d'un plan prévisionnel de gestion des activités, des emplois et des compétences (PGAEC). Il reste utilisé pour actualiser, chaque année, les besoins de recrutement et de formation de tous les services.

Dans son bilan, Henri Jacot revendique la baisse des emplois précaires, la mise en place de la reconnaissance de l'expérience professionnelle, bâtie sur le modèle de la VAE, et l'essor des CDI de droit public, une possibilité donnée par la loi du 25 juillet 2005, dite de transposition européenne. Globalement, 400 personnes ont été titularisées. Par ailleurs, le taux d'emploi d'agents handicapés est porté à 5,87 %.

Lifting de la DRH

Dans un même temps, la DRH (180 personnes) a subi un lifting. A la tête des ressources humaines, Marc Dupont, membre de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), a remplacé, en 2006, Anne-Marie Tournebize, issue de France Télécom. Il s'est d'abord attelé à réorganiser le service en créant cinq directions (emplois et compétences, gestion administrative, relations sociales, communication interne, contrôle de gestion). Parallèlement, il a tissé des réseaux dans les directions opérationnelles et s'est doté, dans chaque service, de correspondants RH ; 400 agents exercent actuellement cette fonction.

Des promesses à tenir

Les syndicats ont apprécié ces évolutions. La CGT déplore, toutefois, la faible mobilité interne (2,17 % des effectifs bougent chaque année). Pour ce syndicat, majoritaire, le dialogue social n'a pas tenu toutes ses promesses. La CFDT, elle, revendique plus de social. Anita Bastrenta-Caillard, la secrétaire de section, étudie « la faisabilité d'une offre de 1 % logement, par convention avec des bailleurs » et la « création d'un outil financier propre à la Ville de Lyon ». Elle avance aussi le projet de créer une commission capable de traiter les situations individuelles des non-statutaires (demandes de promotion, conflits du travail), qui, actuellement, n'entrent pas dans la compétence de la commission administrative paritaire (CAP), réservée aux fonctionnaires. Un projet opportun, puisque 20 % des effectifs sont potentiellement concernés.

Gestion des âges

Mais les attentes les plus vives touchent aux conditions de travail. L'âge moyen dépasse les 43 ans, tandis que plus de la moitié des agents permanents ont de dix à vingt-neuf ans d'ancienneté. Le CHSCT a créé quatre commissions durant le mandat, dont l'une est dédiée aux violences, à l'usure professionnelle et à la reconversion. Sujets «préoccupants», pour les syndicats : « Les problèmes de violence interne ne sont pas traités correctement, estime Anita Bastrenta-Caillard. La Ville n'a pas, non plus, réussi à gérer l'usure professionnelle ; 160 agents sont en attente de solution. » La mairie a, toutefois, pris la mesure de ces critiques. Elle a récemment confié à l'Anact une réflexion en profondeur sur la gestion des âges, direction par direction.

Faible taux de grève

Pour l'avenir, Henri Jacot insiste surtout sur le maintien du dialogue social, invoquant le faible taux de grève au cours de ce mandat, « trois par an, en moyenne, contre huit lors du précédent mandat ». Il évoque, également, la difficulté à trouver ses marques, celles d'un manager, écartelé entre une dimension sociale et une autre, gestionnaire. De fait, la tâche est ardue : les agents municipaux ont gardé la nostalgie des années «Noir», du nom du maire de l'époque (1989-1995), apprécié pour son sens du contact, sa gestion financière, et son maintien du... sureffectif. Son remplaçant, Raymond Barre, élu en 1995, avait, lui, commencé une période de disette, en réduisant la masse salariale. Gérard Collomb a poursuivi la gestion barriste, au grand dam des syndicats. Intra-muros, l'édile doit encore convaincre sur le front social.

Lyon

• Population : 467 000 habitants.

• Nombre d'agents municipaux : 7 448.

• Effectifs au sein de la DRH : 180 agents.