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Lui dire ses 4 vérités

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 12.02.2008 |

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Lui dire ses 4 vérités

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Parfois, l'envie nous démange de dire franchement à un collègue ce que l'on pense de lui. Histoire qu'il ouvre les yeux sur certains comportements énervants ou voit les conséquences de ses actes. Mais, heureusement, on se retient. Effectivement, certains feed back peuvent s'avérer très destructeurs. La colère n'étant pas bonne conseillère, il serait sage de se donner comme principe : « Si tu es très en colère, surtout ne fais rien ! ».

Donner un feed back n'est ni régler des comptes ni se libérer d'un poids. Trop souvent, on lâche une vérité à la figure de l'autre par pulsion, sans réfléchir. On se justifie en disant que la personne méritait bien cela, mais, en fait, on est un peu gêné. La transparence justifie-t-elle de tout dire à tout moment ? Pour éviter ce malaise, certains petits malins ignorent délibérément les effets de leurs paroles sur autrui. Pas vu pas pris, pour eux, la vie est plus simple. Mais ils créent beaucoup de dégâts autour d'eux.

Quand on ressent l'envie de dire à une personne ses quatre vérités, la première question à se poser est donc : « Quelle est mon intention derrière cet acte ? » Si ce n'est pas pour améliorer la situation ou clarifier la relation, mieux vaut s'abstenir. Car cela cache sans doute un besoin d'exprimer son ressentiment. Il est plus efficace de parler quand l'intention est d'ouvrir la discussion, mieux se comprendre ou dissoudre une tension. Le jeu n'est pas d'avoir raison ni de clouer l'autre au pilori, c'est d'avancer ensemble. Si celui qui s'exprime est persuadé de son bon droit et demande à l'autre de se remettre en cause, la discussion s'engage mal : il y a fort à parier qu'elle restera stérile. En revanche, rien n'empêche d'exprimer avec conviction à une personne ce que l'on ressent, si c'est pour résoudre ensemble un malentendu.

La deuxième question permet de vérifier son intention jusque dans les faits : « Ce que j'ai envie de dire va-t-il aider ? » Cette interrogation permet d'affiner la façon de s'y prendre. Au lieu de vouloir enfoncer l'autre, on cherche à préserver l'avenir de la relation. Un bon principe consiste, par exemple, à commencer par rappeler les faits qui posent problème, puis à exprimer à la personne l'effet de ses comportements sur autrui et sur soi en particulier. « Quand tu fais ceci, voilà les conséquences que je vis dans mon travail. » Puis, la laisser réagir. Avec cette approche, la personne aura davantage envie de s'expliquer que si elle se sent jugée et critiquée. Effectivement, derrière toute critique se cache de la colère rentrée, que l'autre capte. L'échange est donc tendu, la personne attaque pour se justifier ou se replie, sur la défensive. Autant éviter ce piège et se placer d'emblée sur un terrain constructif permettant d'explorer des solutions ensemble.

Dire la vérité en face n'est pas «bon» ou «mauvais», tout dépend de l'intention qui nous anime et de notre capacité à accorder notre intention et nos actes. Une intention louable exprimée de façon abrupte fera des dégâts. En revanche, l'envie de clarifier un malaise en mettant sur la table ce que l'on a sur le coeur peut débloquer une situation et faire beaucoup de bien à tous.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>