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Les pratiques

Canada S'occuper des parents âgés pour fidéliser son personnel

Les pratiques | publié le : 05.02.2008 |

La société canadienne Kids and Company de Toronto s'est spécialisée dans la garde des parents des salariés. Cette solution originale de conciliation travail-famille a séduit une dizaine d'employeurs depuis un an.

«Avec le vieillissement de la population, de plus en plus de travailleurs s'occupent de leurs parents. Si elles veulent conserver leurs salariés, les entreprises devront leur offrir plus de services. La demande pour ouvrir des lieux de garde pour les aînés en milieu de travail est très forte », confiait la Pdg de Kids and Company, Victoria Sopik, qui en a fait son business, au quotidien montréalais La Presse, il y a un an, lors du lancement de sa garderie pour personnes âgées. Le système est véritablement opérationnel depuis octobre 2007. A Calgary, Victoria Sopik a acquis une ancienne maison de retraite à laquelle, de 8 heures à 18 heures, les travailleurs de cinq sociétés peuvent confier leurs parents âgés.

Formule séduisante

« Pour 120 dollars canadiens par jour (80 euros), aux frais de l'employeur, nous offrons différentes activités comme de la natation, de l'artisanat, des jeux de cartes et des cours d'art », assure Victoria Sopik. Depuis 2002, cette mère de huit enfants a ouvert une vingtaine de crèches pour les tout-petits à travers le Canada, mais elle refuse, pour l'instant, de tirer un premier bilan des garderies pour aînés. Les sociétés pétrolières Nexen, BP, Enbridge, mais aussi la Banque royale et le cabinet d'audit Deloitte se sont laissé séduire par cette formule.

Besoins de main-d'oeuvre

Les dirigeants canadiens ne s'intéressent pas aux anciens par soudaine philanthropie. De 10 % dans les années 1980, le taux des Canadiens âgés de plus de 65 ans a grimpé à 13 % aujourd'hui. Dans la plupart des provinces, où le taux de chômage est très bas, les entreprises ont désespérément besoin de main-d'oeuvre. L'absentéisme et le stress des personnels, préoccupés par la santé de leurs parents pendant leurs heures de travail, diminuent la productivité. Selon Statistique Canada (équivalent canadien de l'Insee, Ndlr), les salariés qui s'occupent de leurs parents plus de quatre heures par semaine sont susceptibles de réduire leurs heures de travail. D'après la même source, 21 % des femmes et 13 % des hommes qui bichonnent leurs aïeux envisagent de prendre une retraite anticipée pour veiller sur ces derniers.

Le porte-parole d'Enbridge, Jim Rennie, modère l'enthousiasme de Victoria Sopik : « Enbridge a signé un contrat avec Kids and Company afin qu'ils s'occupent de la garde des enfants des salariés. Notre société paie, annuellement, à chaque salarié, cinq jours de garderie lorsque, pour des raisons professionnelles, ils ne peuvent pas consacrer de temps à leurs enfants. Nous avons modifié notre contrat avec Kids and Company de manière à ce que nos salariés puissent aussi bien se servir des jours de garderie pour leurs parents que pour leurs enfants. »

Ouverture de nouvelles garderies

A Toronto, la porte-parole du cabinet d'avocats Cassel Brocks, Susanna Shankman, juge qu'il est encore trop tôt pour parler d'un programme mis en place voilà seulement quelques mois. Même son de cloche chez Deloitte, où plusieurs salariés, dont le directeur des relations avec les médias, n'étaient pas au courant d'une telle mesure au moment où nous les avons interrogés. Pourtant, la garderie révolutionnaire de Kids and Company fait son «bonhomme de chemin», puisque Victoria Sopik a ouvert, il y a quelques semaines, de nouvelles garderies pour aînés en Ontario, la province la plus peuplée du Canada.