Evidence électorale pour certains, provocation pour d'autres, le slogan «Travailler plus pour gagner plus» s'est imposé dans le débat médiatique en contrepoint de la «culture RTT» liée à la loi sur les 35 heures. On a, au passage, oublié de s'interroger sur la question de savoir si les Français, conformément à ce que l'on serine partout, travaillent effectivement moins que leurs voisins. Guillaume Duval, spécialiste des questions économiques et statistiques, relativise cette pseudo-évidence.

L'auteur interroge, dans cet ouvrage, un certain nombre de lieux communs concernant la France et les Français : le manque d'esprit d'entreprise, le coût trop élevé du travail, la culture revendicative, le rôle stratégique de l'école dans la lutte contre les inégalités, le poids insupportable des impôts...

Mais, au-delà de l'effet décapant du paradoxe, la question qui sert de fil rouge à l'ouvrage est celle de la compétitivité de la France par rapport aux autres pays et, notamment, aux pays européens.

Au terme d'une analyse critique de la société française, un constat s'impose : la valeur travail décline non du fait de la paresse de nos concitoyens, mais parce que la richesse s'appuie, aujourd'hui, davantage sur les plus-values financières. Cette recomposition économique semble bel et bien engager notre pays sur la voie du déclin. Mais, bizarrement, l'inégalité croissante entre les citoyens à l'intérieur de nos frontières tend à minorer plutôt qu'à aggraver le phénomène.

Guillaume Duval est rédacteur en chef du mensuel Alternatives économiques.