Les opérations de fusion acquisition (F & A) sont-elles aussi destructrices pour l'emploi qu'on a coutume de le penser ? A ce scénario noir, les chercheurs de la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail opposent une vision beaucoup plus nuancée. « Les F & A commentées par les médias se concentrent principalement sur les F & A hostiles et de grande ampleur, faisant l'objet de plans sociaux et dont l'effet sur l'emploi est souvent très négatif. De fait, prédomine une vision potentiellement déformée sur les effets de ces restructurations », constatent les auteurs du rapport.

Leur enquête*, qui vise à préciser l'impact sur l'emploi de 7 000 F & A concernant 16 000 entreprises, entre 1997 et 2001, une période « particulièrement intense du point de vue du nombre d'opérations », montre, par exemple, que l'effet des F & A sur l'effectif total des entreprises (cédantes et bénéficiaires), trois ans après l'opération, est positif (+4 %) en cas d'absorption et de transfert de plus de la moitié des effectifs.

En outre, il apparaît que les F & A intersectorielles ont un effet positif sur l'emploi, de même que les opérations intra-groupe. En revanche, les F & A entre deux entreprises du même secteur d'activité sont les plus pénalisantes pour l'emploi. A court terme, l'étude met également en évidence un pic de recours à l'intérim chez l'entreprise bénéficiaire, « signe d'une «gestion de crise» des ressources humaines dans une période de réorganisation, du fait d'une incertitude forte sur l'issue de l'opération de restructuration », analysent les chercheurs.