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Les Pratiques

Socoda a pris la mesure de la diversité

Les Pratiques | Retour sur | publié le : 19.06.2007 | Aurore Dohy

Anticipant de futures pénuries de personnel, Socoda, groupement de 150 PME, a prouvé qu'il était capable d'élargir ses recrutements. Depuis le lancement du programme «Emploi solidaire» en février 2005, près d'un quart de ses nouveaux embauchés sont « issus de la diversité ou des quartiers sensibles ».

«Arrêtons de croire que les chefs d'entreprise de PME de province font du racisme à tous crins en tournant le dos aux jeunes issus de la diversité et des quartiers sensibles », affirme Philippe de Beco, président du directoire du groupe Socoda, un groupement de 150 PME dans le domaine de la distribution pour l'industrie et le bâtiment regroupant 8 200 salariés et plus de 500 points de vente en France. Le programme Emploi solidaire, lancé en février 2005, vise, dans une logique de non-discrimination à l'encontre des jeunes issus de la diversité et des quartiers sensibles, à recruter et à former, d'ici à 2008, 1 200 nouveaux collaborateurs sur l'ensemble des sociétés adhérentes.

Un mi-parcours satisfaisant

A mi-parcours, le groupe Socoda a de quoi se féliciter : selon une enquête réalisée auprès des chefs d'entreprise du réseau, en septembre 2006, 248 salariés, soit 24 % des 1 036 personnes déjà embauchées, sont issus de la diversité ou des quartiers sensibles. Les entreprises dont les effectifs sont inférieurs à 40 salariés remportent la palme : 53 % des nouveaux embauchés dans les PME de moins de 20 salariés et 36 % dans les PME entre 21 et 40 salariés sont « issus de la diversité ou des quartiers sensibles ».

Un outil de mesure «artisanal»

Afin d'évaluer les effets de sa politique, Socoda s'est doté d'un outil de mesure qu'il compte utiliser de nouveau en septembre 2007. Chaque chef d'entreprise a reçu un questionnaire, à charge pour lui de décider si ses salariés nouvellement embauchés, dont il connaît, a priori, le parcours, entrent, ou non, dans les catégories «issu de la diversité» et «issu des quartiers sensibles». « Pour respecter la législation interdisant le recueil de données statistiques relatives aux origines raciales ou ethniques, seules ces deux catégories figuraient dans les questionnaires envoyés à nos adhérents en septembre dernier, explique Philippe de Beco. L'anonymat des recrutés était, en outre, préservé. » Mais les salariés n'étaient pas prévenus qu'ils étaient catégorisés.

L'outil de mesure de Socoda reste artisanal au regard des dernières recommandations de la Cnil (Commission nationale informatique et libertés) sur la «mesure de la diversité» : recueil de données objectives directement auprès des salariés, recours à un tiers de confiance (lire Entreprise & Carrières n° 859). Mais il est vrai qu'il n'y a guère que les très grandes entreprises qui disposent des moyens de les suivre à la lettre.

Un incubateur social

Ces résultats sont une victoire pour Philippe de Beco, qui a oeuvré, depuis 2004, pour faire partager sa conviction à l'ensemble des adhérents du groupe Socoda : « Depuis des générations, de très nombreuses PME et TPE du bâtiment et de l'industrie ont été l'incubateur social de toutes les populations présentes en France et ont favorisé la cohésion sociale et la mixité ethnique. Il faut poursuivre ce mouvement : les personnes issues de la diversité et des quartiers sensibles représentent un vivier de compétences sous-exploitées dont nous avons besoin pour répondre aux défis de l'avenir. »

Pénurie de personnel annoncée

Premier de ces défis : la pénurie annoncée de personnel. Une enquête révèle, en effet, que 20 % des effectifs du réseau vont partir à la retraite d'ici à 2015. En outre, 65 % des chefs d'entreprise du réseau reconnaissent avoir, d'ores et déjà, des difficultés à recruter. « La difficulté est amplifiée par le fait qu'un groupement d'indépendants comme le nôtre est peu attractif pour un jeune diplômé qui n'a souvent d'yeux que pour les entreprises du CAC 40 », souligne le président du directoire.

Autre enjeu auquel sont confrontés les adhérents de Socoda : un turn-over croissant de leurs collaborateurs. « Ce qui est certain, c'est que les jeunes confrontés à des difficultés d'accès à la vie active resteront fidèles aux entreprises qui leur auront donné une chance, ajoute Philippe de Beco. C'est sur eux que nous pourrons nous appuyer pour donner des bases pérennes à notre réseau. »

140 signataires de la charte

En janvier 2006, 140 adhérents du groupe - 10 d'entre eux ayant finalement décliné la proposition - déjà liés par la charte Socoda en faveur de l'emploi solidaire, ont signé une charte d'objectifs avec le ministère délégué à la Promotion de l'égalité des chances. Tous s'engagent à mentionner clairement dans leurs communications de recrutement le principe de non-discrimination, et à choisir et former, parmi leurs seniors, des tuteurs pour faciliter l'intégration des jeunes recrues. A ce titre, un partenariat avec MConseil, cabinet de conseil en politique de la ville spécialiste des quartiers sensibles, a permis la conception d'une formation ad hoc. D'ici à 2008, 76 personnes devraient en avoir bénéficié.

Auteur

  • Aurore Dohy