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Enquête

Pas de mesures d'âge dans la restructuration

Enquête | publié le : 19.06.2007 | C. L.

Dans le cadre d'un redéploiement industriel, un dispositif de maintien dans l'emploi de 150 salariés seniors est proposé sur le site de Michelin à Bourges. Ils pourront, par exemple, intégrer des équipes projet ou tutorer. Un changement de culture aussi pour les syndicats et les salariés.

En octobre 2006, le groupe Michelin annonce le redéploiement de ses activités. Principaux sites concernés : Bourges (18) et Cholet (49). D'ici à fin 2007, le premier ne se consacrera plus qu'à une production pour le segment de marché avion. Quant au second, il hérite de l'activité camionnettes. « Ces nouvelles orientations industrielles génèrent un sureffectif de 350 personnes », explique Bertrand Ballarin, directeur du site de Bourges. Néanmoins, l'entreprise est très claire : elle ne souhaite pas résorber ce sureffectif à l'aide de mesures d'âge.

Garantie d'emploi

A Bourges, l'ensemble des salariés âgés de plus de 55 ans au 31 décembre 2007 bénéficient donc d'une garantie d'emploi. Ils sont, au total, 150, éligibles à un dispositif dédié baptisé «Bib seniors». « L'idée majeure est de proposer à cette population différentes réorientations professionnelles, débattues dans le cadre d'entretiens individuels, réalisés en binôme avec la DRH du site et le hiérarchique de l'intéressé », explique le directeur. La première des propositions concerne le maintien à un poste de production. « Nous savons que notre personnel d'opérateurs de production préfère souvent rester dans le même domaine. Tout simplement parce qu'il n'est pas toujours facile de changer », explique ce dernier. D'ores et déjà, Bertrand Ballarin sait que ce sera le cas pour une quarantaine de personnes.

Opportunités internes

Pour les autres, plusieurs orientations sont possibles. « L'activité avion va entraîner le doublement de la production dans les quatre ans à venir. Ce qui ne sera pas sans incidence. Il faut repenser le site, travailler sur nos infrastructures, installer de nouvelles machines, qualifier de nouveaux produits... Diverses équipes projet vont se mettre en place. Nos seniors ont tout loisir, s'ils le souhaitent, de les intégrer », précise Alain Robbe, chef du personnel de l'usine. Par ailleurs, le changement de production va entraîner des besoins en formation. Les anciens sont donc bien placés pour transmettre leur savoir-faire et devenir les tuteurs de ceux qui changeront de métier. Voilà pour les opportunités internes.

Des missions hors site

La direction a pensé à d'autres pistes, avec des missions hors site. « Le groupe a la volonté de rayonner davantage. Nous sommes le deuxième employeur privé du bassin d'emploi, précise le DRH. Nous allons donc travailler sur des missions qui contribueront à nous rapprocher des différents acteurs locaux, comme les lycées et collèges, par exemple. Des Bib seniors pourront en être chargés. De même, nous souhaitons faire profiter les associations, les entreprises, voire les organismes privés, de nos connaissances. Cela afin d'aider le bassin d'emploi à endiguer son problème de gestion des compétences. Evidemment, les Bib seniors intéressés par ces expériences conservent leur contrat de travail Michelin. »

Enfin, la direction propose à ses anciens de venir en renfort sur des projets existant sur d'autres sites de la Manufacture. Ces missions prendraient la forme de détachements temporaires, d'un mois à une demi-année. Cette mobilité donne lieu à une prime exceptionnelle allant de 400 à 675 euros selon les durées, l'abondement en jours dans le CET et un plan de formation adapté.

Temps partiel

L'ensemble de ce dispositif est assorti d'une possibilité de passage à temps partiel incité financièrement. « Il peut s'exercer à tout moment de la mission. Mais il semble que les intéressés préfèrent capitaliser ce temps partiel, ce qui leur permettra de partir quelques mois avant leur mise à la retraite officielle, autour de 2012 », précise Alain Robbe. Pour l'heure, seniors et managers en sont au stade des discussions. Les entretiens individuels devant être clos d'ici à la fin juin. Dans la foulée, les premières affectations seront confirmées, les prises de poste ne devant pas intervenir avant 2008.

Deuil de la préretraite

Cette initiative, qui fait le deuil de la préretraite, est loin d'être du goût des organisations syndicales... et des salariés, selon Filip Carneiro, secrétaire du comité d'entreprise de Bourges et membre du comité central. « Nous étions tous pour un départ anticipé. Les salariés en production cumulant trente à trente-cinq ans de travail chez Michelin, notamment sur des postes pénibles, n'aspirent qu'à une chose : être tranquilles. »

michelin

> Activité : production de pneumatiques.

> Effectifs : 124 000 salariés (monde), 460 sur le site de Bourges.

> Chiffre d'affaires 2006 : 16,4 milliards d'euros.

Auteur

  • C. L.