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Les Pratiques

Le bon bilan des groupements d'employeurs pour l'insertion

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 12.06.2007 | Sandrine Franchet

En quinze ans d'existence, les groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq) ont permis à plus de 32 000 personnes sans qualification d'accéder à un emploi stable. Ils gèrent, aujourd'hui, les dispositifs d'alternance pour plus de 3 500 entreprises adhérentes.

Al'heure où le concept de «flexicurité» est plus que jamais d'actualité (il fera l'objet de l'une des conférences sociales de rentrée entre les partenaires sociaux et le gouvernement), le réseau des Geiq (groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification) met en avant le succès de sa formule, marqué par une forte croissance l'année dernière : « En 2006, les 102 Geiq ont recruté 3 648 personnes (pour 2 874 emplois temps plein), mobilisé plus d'un million d'heures de formation et réalisé un chiffre d'affaires de 70,5 millions d'euros », se félicite, ainsi, le CNCE (Comité national de coordination et d'évaluation des Geiq).

Embaucher et former les jeunes

Chef d'entreprise dans le secteur du BTP, Claude Ribière est, depuis douze ans, président du Geiq bâtiment Nord-Isère. Il préside également, depuis sa création, en 1994, le CNCE. Dès le départ, le concept d'un groupement d'employeurs destiné à embaucher, à accompagner et à former des jeunes ou des adultes sans qualification, afin de les mettre à disposition d'entreprises rencontrant des difficultés de recrutement, l'a séduit : « Cela faisait des années que l'on volait le personnel du voisin, que l'on se tournait sans succès vers les écoles, puisque les diplômés préféraient rejoindre les grands groupes, se souvient-il. Nous avions conscience que nous devions nous-mêmes assurer la formation de nos salariés, mais sans toujours disposer des compétences en interne... »

60 adhérents

Au départ, il a dû surmonter les résistances de ses confrères et les convaincre des avantages de la formule : aujourd'hui, ils sont 60 à adhérer au Geiq. « Sachant, souligne Claude Ribière, qu'il ne s'agit pas d'embaucher au rabais : l'entreprise qui intègre un Geiq sait qu'elle va devoir accueillir une personne en insertion, la payer au minimum au Smic, la former et l'accompagner, par le biais d'un tuteur professionnel qui complète le travail d'accompagnement mené par les permanents du Geiq. »

Dès 1988, avait germé, au sein du monde agricole, l'idée d'utiliser le dispositif des groupements d'employeurs pour mettre en oeuvre une formation en alternance afin de qualifier, notamment, des jeunes en difficulté. En 1991, une association de Périgueux, l'Apare, membre de la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale), reprend l'idée à son compte et développe le concept avec succès.

Lors d'une rencontre nationale, les bases d'un réseau et d'une future coordination nationale sont validées. Dès 1992, la réflexion - principalement portée par des associations dans le cadre de la lutte contre l'exclusion - séduit les pouvoirs publics et débouche sur l'élaboration d'une première charte des Geiq, en 1993. Enfin, en 1994, les statuts du CNCE Geiq sont déposés. Pour autant, en 1996, on compte moins de quinze groupements sur tout le territoire national. Ce n'est qu'à partir de 1998, grâce à l'implication de fédérations professionnelles de secteurs touchés par des difficultés de recrutement (bâtiment, transport, logistique, santé, agroalimentaire, propreté...), que les Geiq connaissent un réel développement.

Aide spécifique

Enfin, la loi sur la formation professionnelle de 2004, qui instaure le contrat de professionnalisation, leur donne un nouveau coup de pouce, en leur allouant une aide spécifique pour leurs salariés embauchés sous ce type de contrat, mais aussi en reconnaissant la place de l'accompagnement des salariés dans le travail des Geiq. « Par ailleurs, souligne Claude Ribière, en donnant aux branches la possibilité de négocier les modalités d'application du contrat de professionnalisation, la loi nous a donné l'occasion de mieux faire connaître notre action, puis de signer des accords avec divers Opca, dont l'Agefos-PME. »

Service mutualisé

Les Geiq sont, ainsi, petit à petit, devenus de véritables partenaires de gestion des RH pour leurs adhérents. « Nos membres nous considèrent comme un vrai service mutualisé de gestion de l'alternance, même si nous ne sommes pas tout à fait un prestataire extérieur, puisqu'ils sont adhérents et ont un rôle d'accompagnement à jouer », témoigne Véronique de Guittard-Chambonnière, directrice du Geiq interprofessionnel de Clermont-Ferrand.

Si, cette année comme la précédente, le principal objectif de ce groupement est de s'élargir à d'autres adhérents, au niveau national, le réseau des Geiq tente, lui aussi, de séduire de nouveaux secteurs en proie aux difficultés de recrutement. Prochain terrain d'implantation : les services à la personne.

Les chiffres-clés 2006 des Geiq

102 Geiq (+5 % par rapport à 2005) ;

2 874 salariés équivalent temps plein (+12 %) ;

3 688 contrats signés (+11 %) ;

1,02 million d'heures de formation (+15 %) ;

3 589 entreprises adhérentes (+11 %) ;

Taux de sortie vers l'emploi : 72 % (+6 points par rapport à 2005).

Taux d'obtention de qualification pour les contrats menés à terme : 85,9 % (+1,9 point par rapport à 2005).

Profil des salariés : 62,4 % de moins de 26 ans et 76 % de personnes sans qualification ou réorientées.

Auteur

  • Sandrine Franchet