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Les entreprises misent sur la prévention

Enquête | publié le : 12.06.2007 | Caroline Talbot, à New York

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Les entreprises misent sur la prévention

Crédit photo Caroline Talbot, à New York

Aux Etats-Unis, les suicides représentent 4 % des décès survenus dans les entreprises. Pour éviter de tels drames, les grands groupes mettent en place des programmes d'assistance aux salariés.

Le nombre des suicides en entreprise aux Etats-Unis - pays qui, comme la France, se situe dans le trio de tête des dépressions liées au travail - diminue d'année en année. En 2005, la dernière année disponible, selon les chiffres du Bureau of Labor Statistics, l'Insee américain, 180 personnes ont mis fin à leurs jours sur leur lieu de travail. L'année précédente, elles étaient 206 et, en 2003, 218.

Plutôt des hommes

Ces suicides représentent 4 % de l'ensemble des décès survenus sur le lieu de travail. Ils concernent essentiellement les hommes : 170 parmi les 180 suicides de l'année 2005. La tranche d'âge des 45-54 ans est la plus représentée. Et ce sont des professionnels plutôt blancs (149), membres de la police, de l'armée ou appartenant à des professions libérales.

« La baisse du nombre de morts est certes une très bonne nouvelle, mais nous n'avons pas d'explication particulière », reconnaît-on au Bureau of Labor Statistics. Le psychiatre Roger Brunswick, également président du groupe de conseil new-yorkais Hayes Brunswick, tente une explication : « Les mesures de prévention adoptées par les sociétés ont eu un impact sur la diminution des suicides. En outre, certains Etats, comme ceux de New-York et de Californie, ont mis en place une réglementation du travail comportant une obligation d'alerte. Si un salarié commence à présenter des signes précurseurs de dépression, il faut s'en occuper immédiatement et l'aider pour éviter un drame. L'entreprise est responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés. »

Psy maison

Le traitement de la dépression s'est banalisé aux Etats-Unis. Selon Roger Brunswick, « chercher un soutien psychologique est, désormais, extrêmement bien accepté et chose courante ». Du coup, de plus en plus de grandes entreprises répondent à ce qui apparaît presque comme un réflexe chez les Américains.

Chez Pitney Bowes (35 000 salariés pour un chiffre d'affaires de 5,8 milliards de dollars), par exemple, la direction a déployé, depuis une dizaine d'années, un programme d'assistance aux salariés qui propose gratuitement un maximum de huit séances chez le psychologue en cas de besoin. Le programme est connu de tous les collaborateurs : des affiches vantent son existence, le site Internet du groupe relaie abondamment le dispositif. Et l'encadrement y a été sensibilisé. Résultat : « 8 % des salariés s'en servent chaque année et 80 % des inscrits au programme résolvent leurs problèmes en un minimum de six consultations », assure le docteur Jack Mahoney, responsable des initiatives santé du groupe américain.

Numéro SOS

Pitney Bowes s'intéresse également au stress et aux risques de violence au travail. Lorsqu'un collaborateur constate un changement d'attitude chez un collègue, une montée en flèche du stress dans un espace de travail ou encore une soudaine baisse de la productivité, il dispose d'un numéro de téléphone pour contacter le service des ressources humaines. « Nous menons une enquête approfondie, et si nous estimons que cela est nécessaire, nous envoyons l'intéressé consulter un psychologue, un psychiatre, un expert en alcoolisme ou encore un travailleur social », explique Ann Romanello, porte-parole de la DRH de Pitney Bowes.

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Auteur

  • Caroline Talbot, à New York