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Enquête

« Il faut renforcer le rôle et les moyens du CHSCT »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 12.06.2007 | J.-F. R.

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« Il faut renforcer le rôle et les moyens du CHSCT »

Crédit photo J.-F. R.

E & C : Vous évaluez à 400 le nombre de suicides liés au travail par an. Un chiffre considérable...

C. L. : Il ne sort pas de mon chapeau. J'ai tenu un relevé très précis sur les suicides dans l'industrie et je suis certainement en deçà de la réalité. Le phénomène du suicide au travail n'est pas nouveau. Il y a déjà plusieurs années que je tire la sonnette d'alarme. Avec Michel Debout, professeur de médecine, nous avions publié un ouvrage sur ce fléau. Mais, à l'époque, nous parlions dans le vide. Même les syndicats n'y prêtaient guère attention. Aujourd'hui, ce sujet revient sur le devant de la scène avec ce qui s'est passé chez Renault et EDF, car ce sont deux entreprises phares.

E & C : Que préconisez-vous pour éviter de tels drames ?

C. L. : La souffrance au travail doit devenir un thème crucial pour les partenaires sociaux. Mais il faut sortir du discours général sur les conséquences de la mondialisation sur la santé. Restons pragmatiques ! C'est, à mon avis, au CHSCT, en partenariat avec la médecine du travail, de prendre cette question à bras-le-corps. C'est le rôle du CHSCT que d'expliquer ce que sont le harcèlement moral, le stress, de mesurer les effets de ces phénomènes et d'élaborer des dispositifs de prévention. Dans cet objectif, il convient de renforcer sensiblement le rôle et les moyens de cette instance. Ses membres doivent être élus et le CHSCT doit disposer d'un budget propre. Garantissons aussi l'indépendance des médecins du travail qui sont, malgré certains progrès, à la solde des employeurs.

En outre, il ne faut surtout pas oublier les victimes des plans sociaux. On n'imagine pas à quel point ces fermetures de sites ou ces vagues de licenciements brisent les salariés. Les plus fragilisés sont les premiers à être tentés d'en finir avec la vie. C'est pour cette raison que, dans le cadre d'une restructuration, je plaide pour la mise en place systématique d'une cellule de soutien psychologique qui agirait parallèlement à l'antenne emploi.

E & C : Avez-vous pointé des dispositions intéressantes dans les mesures annoncées par Renault et EDF ?

C. L. : Ces entreprises ne sont plus dans le registre du déni. Elles ont fait le constat que le travail avait sa part de responsabilité dans le suicide, même si celui-ci peut aussi avoir d'autres origines. Renault et EDF ont, par exemple, annoncé des mesures de correction de leurs modes de management et de réduction de la charge de travail. Cela va, pour l'instant, dans le bon sens.

Auteur

  • J.-F. R.