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Un Perco ouvert pour les contractuels et pour les fonctionnaires

Dossier | publié le : 05.06.2007 | Aurore Dohy

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Un Perco ouvert pour les contractuels et pour les fonctionnaires

Crédit photo Aurore Dohy

Conformément à l'accord signé fin 2006, les 100 000 contractuels, mais aussi les 200 000 agents de l'entreprise postale peuvent, depuis le 21 mai, épargner 4 % de leur rémunération brute annuelle sur un Perco.

Rendue accessible aux fonctionnaires par la loi de régulation des activités postales du 20 mai 2005, l'épargne salariale vient de faire son entrée à La Poste. Le 8 décembre dernier, l'entreprise publique a, en effet, signé deux accords pour la mise en place d'un plan d'épargne groupe (PEG) et d'un plan d'épargne collectif pour la retraite (Perco) pour l'ensemble de ses 300 000 postiers. « Auparavant en retrait par rapport aux autres grandes entreprises françaises qui proposent toutes au minimum un PEG, nous nous distinguons aujourd'hui en ayant mis en place simultanément PEG et Perco, se félicite Foucault Lestienne, directeur délégué des ressources humaines du groupe. Nous avions, en effet, la volonté de donner la possibilité d'épargner de deux façons différentes, selon les capacités et les priorités de chacun. »

Marque de reconnaissance

La direction de La Poste considère, en outre, ces accords - qui devraient être suivis d'ici à la fin du mois de juin par un accord d'intéressement en cours de négociation - comme une « marque forte de reconnaissance des efforts entrepris par les postiers pour améliorer la qualité de service et accroître la performance économique de l'entreprise ». Le chiffre d'affaires de La Poste a en effet atteint 20,1 milliards en 2006, soit une augmentation de 4,3 % par rapport à celui de 2005.

Depuis le 21 mai, chaque postier a donc la possibilité de placer jusqu'à 4 % de sa rémunération brute annuelle sur le Perco jusqu'à son départ à la retraite. Dans la limite d'un plafond annuel de 900 euros, La Poste abondera cet investissement à hauteur de 33 %.

Abondement incitatif

« Ce niveau d'abondement a été calculé en fonction des projections des capacités d'épargne des postiers, explique Foucault Lestienne. Nous l'avons souhaité suffisamment incitatif - nous pensons, en effet, qu'il est de la responsabilité de l'employeur de sensibiliser ses salariés à l'impact des évolutions démographiques sur le montant à venir des retraites - tout en restant réaliste : n'oublions pas que ce Perco est, aujourd'hui, accessible à 300 000 personnes. » Notons également, précise le directeur délégué aux ressources humaines, que ce « nouveau dispositif est particulièrement intéressant pour les personnels qui peuvent épargner longtemps ; à La Poste, les salariés ont en moyenne 37 ans ; l'âge moyen des fonctionnaires est de 47ans ».

Hauts revenus

Seule organisation syndicale à s'être opposée à la signature des deux accords, Sud-PTT relève que, combinant un taux d'abondement relativement faible comparé à ceux que prévoient la plupart des accords dans les entreprises de structure comparable et un niveau d'écrêtement élevé, les dispositions de l'accord favorisent très nettement les hauts revenus. « Avec 53 500 cadres et cadres supérieurs pour 245 000 non-cadres, La Poste reste une entreprise de main-d'oeuvre, rappelle Régis Blanchot, secrétaire fédéral de Sud-PTT. Rappelons qu'un postier gagne fréquemment moins de 1 500Euroseuros par mois avec un salaire d'embauche à 1 000 euros. Que peut-il épargner ? »

Diagnostic incomplet

Selon son analyse, compte tenu des difficultés de fidélisation des cadres - commerciaux en particulier -, La Poste cherche à concevoir des outils sur mesure pour ces populations. « Diagnostic incomplet, affirme-t-il, car les difficultés de recrutement et de fidélisation concernent bel et bien toutes les catégories de personnel. Il serait donc plus judicieux d'agir sur les questions des salaires et du logement, en particulier en Ile-de-France. »

Première organisation chez les cadres, la CFDT reconnaît que le dispositif du Perco mis en place par La Poste est plus favorable aux «gros salaires». « Pour toucher l'abondement maximum prévu, soit 900 euros, il faut, en effet, épargner chaque année 2 728 euros, explique Alain Barrault, secrétaire fédéral CFDT. Autrement dit, en tenant compte du plafond de 4 % de la rémunération brute annuelle, seuls peuvent y prétendre ceux qui gagnent au moins 68 200 euros. Cependant, du fait d'un taux de remplacement bien moindre pour les cadres que pour les non-cadres, un tel complément de retraite est souvent indispensable. Parmi nos adhérents, l'attente en ce sens était forte. »

Pouvoir de négociation

En outre, la CFDT - qui réaffirme faire de la question des salaires une priorité - relève qu'à La Poste, les organisations syndicales n'ont de pouvoir de négociation que pour les 100 000 contractuels, soit un tiers des postiers. « Les deux nouveaux dispositifs d'épargne salariale de La Poste ont au moins l'avantage de bénéficier à tous, quel que soit le statut », conclut Alain Barrault.

la poste

> Effectifs : 300 000 salariés, dont 100 000 contractuels.

> Chiffre d'affaires : 20,1 milliards d'euros en 2006.

Auteur

  • Aurore Dohy