Elevé à la campagne par ses grands-parents et son oncle, enfant d'une mère célibataire, successivement ouvrier sidérurgiste, militant CFTC, numéro 2 de la CFDT, préfet, ministre sous le gouvernement Rocard, conseiller général, conseiller régional... Jacques Chérèque, tout au long de sa vie, a gardé comme une évidence sa Lorraine natale chevillée au coeur.

Ouvrier, il a contribué à la mutation de la CFTC, syndicat chrétien, en la puissante CFDT. Son appui à l'Union de la gauche a sans doute contribué à la victoire de Mitterrand en 1981. Il est l'homme chargé de remettre à flot la Lorraine sinistrée par la crise de la sidérurgie. Il en profite pour travailler à la construction de la dimension régionale dans un pays où, traditionnellement, Nancy et Metz se regardent en chiens de faïence.

Son non-conformisme se manifeste aussi par un certain nombre d'idées originales dans la décennie 1980-1990, quand il insiste sur la nécessité de ne pas opposer le développement urbain et l'harmonie rurale et sur celle de réconcilier vision stratégique et initiative locale. Il reste, aujourd'hui, l'un des grands spécialistes des questions d'aménagement du territoire.

Raconter son histoire, pour cet homme d'action, n'a de sens que si ce récit dépasse la dimension égotique pour servir à promouvoir le syndicat et la gauche. Le dernier chapitre de son livre est donc fort logiquement consacré à l'avenir. Soutien de Dominique Strauss-Kahn au moment du vote des socialistes pour leur candidat, il s'est rallié à la candidature de Ségolène Royal dont il défend non pas toutes les idées mais... la volonté de tenir compte de la réalité de la vie des gens par-delà les dogmes socialistes.