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Les Pratiques

Loewe a remboursé ses salariés de leur effort

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 29.05.2007 | Marion Leo, à Berlin

En avril dernier, trois ans après sa restructuration et un accord de réduction des salaires, l'entreprise Loewe a remboursé ses salariés avec 25 % d'intérêts.

Les quelque 1 000 salariés de Loewe, fabricant allemand de postes de télévision, ne s'y attendaient pas. Ou n'espéraient pas une somme aussi généreuse. Leur compte a pourtant été crédité en avril dernier. Depuis quatre mois, ils savaient qu'ils recevraient près de 3 millions d'euros d'arriérés de salaires, incluant une prime de 25 %.

Parole tenue

Tout débute en 2003-2004. Confrontée à la chute des ventes des tubes cathodiques traditionnels au profit des écrans plats, l'entreprise menace de faire faillite. Elle décide alors, à la fois, d'investir dans les écrans plats et de réduire ses coûts salariaux. Elle se sépare de 300 salariés et passe un contrat avec les 950 restants. Loewe demande à chacun d'entre eux, du directoire au simple ouvrier, de lui prêter un mois de salaire ou un demi-salaire (dans la production) et leur promet de les rembourser avec 25 % d'intérêts si l'entreprise renoue avec les bénéfices.

« Nous avons tenu parole, explique, aujourd'hui, Roland Raithel, porte-parole de Loewe. Nous avons eu une très bonne année en 2006 et nous avons pu ainsi rembourser nos collaborateurs. » Loewe a aussi réembauché 50 personnes dès fin 2005. Jürgen Apfel, chargé de Loewe au syndicat IG-Metall, à Coburg, confirme ces propos : « Il s'agit, en effet, d'une prime peu ordinaire. Souvent, les salariés restent les mains vides à la suite de tels accords. Loewe est un cas spécial. » Pour conclure cet accord, l'entreprise a utilisé les «clauses d'exception» (Öffnungsklausel) négociées par les partenaires sociaux, qui permettent aux firmes en difficultés financières de s'écarter provisoirement des conventions collectives de branche. Ces clauses autorisent les entreprises à réduire, par exemple, le niveau des rémunérations ou à augmenter le temps de travail. Les accords, limités dans le temps, nécessitent l'approbation du comité d'entreprise et des syndicats. En contrepartie, l'entreprise s'engage, en général, à donner une garantie pour l'emploi jusqu'à une date donnée.

Clauses «élargies»

En 2004, les partenaires sociaux de la métallurgie sont allés plus loin et ont conclu, à Pforzheim, un accord permettant aux entreprises d'adopter ces clauses d'exception pour « maintenir et renforcer la compétitivité » et non plus uniquement pour faire face à des problèmes financiers. Ces dérogations nécessitent également l'accord du syndicat IG-Metall ; 400 entreprises ont eu recours, jusqu'à présent, à ces clauses, selon l'organisation patronale allemande Gesamtmetall ; 800, d'après IG-Metall. L'accord de Pforzheim doit être renégocié cette année. Les employeurs souhaitent que les conventions collectives deviennent encore plus flexibles. Les syndicats estiment, au contraire, que le maximum possible a déjà été atteint.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin