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Enquête

« Il faut que les salariés aient deux points d'écoute »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 29.05.2007 | E. F.

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« Il faut que les salariés aient deux points d'écoute »

Crédit photo E. F.

E & C : Dans votre ouvrage Cadres : bien gérer vos délégués**, vous évoquez les notions de «concurrents sociaux» et de «double guichet». De quoi s'agit-il ?

J.-P. R. : Au cours de sa vie professionnelle, un salarié rencontre forcément des difficultés et ressent des injustices. Spontanément, il s'adresse au délégué, comme s'il n'y avait pas d'autre possibilité. Ouvrir un double guichet consiste à faire en sorte que le salarié dispose d'au moins deux points d'écoute : le délégué et l'encadrement.

En général, le circuit syndical fonctionne bien, car il y a toujours une oreille attentive pour écouter le salarié. Or, l'encadrement peut aussi devenir un gestionnaire du social au quotidien, à condition qu'il recherche le contact avec les collaborateurs de son service, et qu'il soit en mesure de régler un certain nombre de problèmes de son personnel. C'est la dimension sociale de la fonction d'encadrement. Il dispose pour cela d'un atout fort : c'est à lui que les salariés font le plus confiance. Même les enquêtes de la CGT l'attestent. Cette concurrence avec les délégués modifie profondément la vie sociale de l'entreprise.

E & C : En quoi ?

J.-P. R. : Lorsque les malaises individuels sont traités par l'encadrement direct, la voie syndicale ne se gonfle pas d'insatisfactions qui deviennent collectives. Car, comme le disait un leader syndical : le rôle d'un délégué est de transformer les malaises individuels en revendication collective. Ce qui ne veut pas dire, a contrario, que l'encadrement doit être l'intermédiaire pour tout.

Le progrès social reste l'affaire des syndicats. Mais dès l'instant où les problèmes individuels sont réglés par l'encadrement, le circuit syndical se trouve allégé des revendications classiques et n'est plus alimenté seulement par des malaises, ce qui lui permet de se consacrer aux problèmes de fond.

E & C : C'est un projet global de rénovation des relations sociales...

J.-P. R. : Cette répartition des rôles libère, en effet, du temps pour un syndicalisme plus moderne, davantage soucieux de l'avenir de l'entreprise, débouchant sur des accord gagnants-gagnants.

* avec Michèle Millot.

** L'Harmattan, 2004.

Auteur

  • E. F.