Le concept de responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) est récent. Il est advenu dans le sillage de la notion de développement durable pour désigner le rapport à l'environnement humain et social, et plus seulement à l'environnement naturel.

La réalité de la dimension sociale de l'entreprise est cependant ancienne. Dans une logique paternaliste, les grandes firmes du XIXe siècle organisaient l'habitat ouvrier et la protection sociale des salariés malades ou âgés et de leur famille. Plus tard, l'organisation du mouvement ouvrier et de la protection sociale sur le plan des Etats a marginalisé la philanthropie. C'est le délitement de l'Etat providence et la détérioration de l'image des grands groupes qui ont fait émerger, dans les années 1990, une RSE explicite en Europe. Ainsi, sont successivement apparus les termes «d'entreprise citoyenne» puis «d'entreprise éthique», enfin «d'entreprise socialement responsable».

Prenant conscience de la détérioration de leur image, les firmes se sont efforcées de la réparer et de regagner la confiance perdue. Le mouvement a notamment cherché à compenser le déracinement territorial progressif des grands groupes par un ancrage dans la société où ils interviennent.

Michel Capron et Françoise Quairel-Lanoizelée, tous deux enseignants à l'université et spécialistes de RSE, éclaircissent les notions et en analysent les enjeux pour les entreprises, les salariés et la société toute entière. Les auteurs insistent, notamment, sur la diversité des implications philosophiques de part et d'autre de l'Atlantique et sur la diversité des pratiques, au-delà du vocabulaire commun.