« Les salariés ne sont pas à vendre. » C'est ce que clamaient, le 25 avril dernier, plusieurs centaines de collaborateurs du groupe français de BTP Eiffage venus protester, à Paris, devant le siège de l'Autorité des marchés financiers (AMF), contre la prise de contrôle, sous la forme d'offre publique d'échange (OPE), déposée le 19 avril dernier, par le groupe espagnol Sacyr. Les manifestants avaient, ainsi, fait le déplacement depuis plusieurs pays européens où est implanté Eiffage, à l'appel de l'intersyndicale du groupe qui réunit les syndicats français, belges, espagnols, portugais, allemands et luxembourgeois. En France, toutes les organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) ont soutenu le mouvement.

Le même jour, le numéro trois du BTP français avait déposé plainte devant le tribunal de grande instance de Paris contre l'espagnol et les différents groupes présents dans son capital pour «action de concert», avec deux fondements : « défaut de déclaration de franchissement de seuil » et « diffusion d'informations fausses et trompeuses ».

De son côté, Sacyr a assigné l'entreprise française devant le tribunal de commerce de Nanterre pour contester les décisions de la dernière assemblée générale, qui a privé de leurs droits de vote 89 actionnaires accusés d'avoir agi avec Sacyr. L'AMF doit se prononcer sur la conformité de l'offre de l'espagnol, a priori dans un délai de dix jours. Mais, en la matière, rien de sûr.

L'intersyndicale a appelé à un rassemblement le 10 mai devant le tribunal de commerce de Nanterre, où sera donc examiné le recours de Sacyr.