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Les entreprises françaises à la traîne

L'actualité | L'événement | publié le : 01.05.2007 | Guillaume Le Nagard

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Les entreprises françaises à la traîne

Crédit photo Guillaume Le Nagard

Une vaste enquête de Manpower, dans 25 pays développés, constate que les employeurs français sont parmi les moins actifs pour recruter et maintenir dans l'emploi les salariés âgés. A l'inverse, au Japon, par exemple, plus de huit entreprises sur dix développent des actions de fidélisation des seniors.

L'extrême timidité des employeurs français en matière d'emploi et de gestion des salariés âgés est, aujourd'hui, malgré la réforme Fillon et le plan gouvernemental pour l'emploi des seniors, largement admise. Une vaste enquête internationale de Manpower, parue le 23 avril, en apporte une nouvelle démonstration, en regard des politiques déployées par les entreprises des grands pays développés, tous confrontés, à des degrés divers, aux mêmes enjeux démographiques et de vieillissement de la population : elle évalue les pratiques dans ce domaine de 28 000 employeurs dans 25 pays (*).

Seulement 14 % des employeurs de l'ensemble de ces pays ont mis en place des actions spécifiques pour recruter des seniors (travailleurs de 50 ans et plus, dans le cadre de cette enquête). Mais, en France, ils ne sont que 6 %. L'Hexagone se trouve bien dans le peloton de queue, en compagnie de la Suède (4 %), de la Norvège et de l'Espagne (6 %). Le bilan n'est pas plus flatteur en ce qui concerne les actions de maintien dans l'emploi des salariés seniors, développées par 21 % des employeurs en moyenne, pour seulement 8 % en France (6 % en Italie, 6 % en Espagne, 8 % en Suède).

Stratégies dédiées

A l'opposé, 48 % des employeurs de Singapour ont des stratégies dédiées de recrutement des seniors. En Europe, c'est le cas de 21 % des patrons autrichiens et de 18 % de leurs confrères allemands. Pour le maintien dans l'emploi de ces salariés âgés, les entreprises singapouriennes sont, de nouveau, parmi les plus dynamiques (53 %), derrière le Japon (83 %). En Europe, c'est le cas des employeurs irlandais (26 %) et britanniques (24 %).

Une bonne partie de ces disparités dépendent évidemment de contextes démographiques et, surtout, réglementaires. Le leader mondial de l'intérim les détaille dans un livre blanc paru également le 23 avril (A New Agenda for an Older Workforce).

Démographie

Pour le Japon, qui s'illustre par un management actif des salariés seniors dans l'entreprise, le vieillissement de la population a atteint une phase critique : en 2025, presque la moitié de sa population sera âgée de 50 ans ou plus. En Europe, l'Allemagne et l'Italie sont dans des situations proches. De son côté, la France vieillit un peu moins vite, puisque 42 % de sa population passera la cinquantaine à cet horizon. A l'inverse, l'Irlande et les Etats-Unis disposent d'une population comparativement jeune ; pourtant, plus du quart des entreprises de ces pays ont des politiques de rétention des salariés âgés, et 18 % des sociétés américaines interrogées mettent des actions en oeuvre pour recruter des seniors.

Outre la démographie, les politiques publiques expliquent certains comportements. Le cas particulier de Singapour s'éclaire aisément à la lumière des aides accordées par le gouvernement pour l'emploi des salariés de plus de 40 ans, ou le retour des anciens salariés au-delà de 62 ans, sous la forme de primes à l'aménagement des postes, à la formation au réemploi, pouvant atteindre jusqu'à 150 000 euros pour les employeurs les plus impliqués dans le programme. Au Japon, le relèvement graduel de l'âge de la retraite à 65 ans s'accompagne d'un renforcement drastique de la réglementation contre les discriminations.

Engagements non tenus

En France, à l'évidence, ni l'augmentation de la durée de cotisation retraite, ni la pénalisation financière des préretraites (loi Fillon), pas plus que les risques de pénuries de compétences n'ont encore contraint les entreprises à se montrer actives dans ce domaine. Le taux d'emploi des 55-64 ans y reste inférieur à 38 % (contre 42,5 % dans l'Union européenne), loin de son engagement européen, pour 2010, d'atteindre un taux de 50 %.

* Etude menée en octobre 2006 auprès de 28 000 entreprises de 25 pays et territoires (1 004 en France). Disponible sur : < http://manpower.com/ResearchCenter >

Auteur

  • Guillaume Le Nagard