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Enquête

Le choix de l'accompagnement

Enquête | publié le : 01.05.2007 | Marie-Pierre Vega

International Paper, l'actionnaire principal des Papeteries de Maresquel, a décidé, il y a deux ans, de fermer cette usine de fabrication de papier du Pas-de-Calais. Le cabinet Horemis a la charge de l'antenne emploi mise en place pour reclasser les 225 salariés licenciés.

Les premiers licenciements ont été notifiés en septembre 2006. Puis, jusqu'au printemps, les 225 ex-salariés des papeteries Maresquel ont adhéré par vagues à l'antenne emploi prévue par le plan de sauvegarde de l'emploi. Pour les accompagner, l'américain International Paper, actionnaire principal de l'usine, et les partenaires sociaux ont retenu le cabinet parisien Horemis.

L'antenne emploi est installée dans une maison de maître louée pour la circonstance, à Hesdin, une commune située à dix kilomètres de Maresquel. Elle a été préférée aux locaux de l'usine, inadaptés à la prestation. Hesdin a aussi l'avantage d'être un centre de vie où l'offre de services et de commerces est plus large que dans le petit village de Maresquel.

L'antenne emploi est ouverte du lundi au vendredi, aux horaires de bureau. Au rez-de-chaussée, l'assistante de l'équipe accueille les adhérents. « Ils viennent quand ils le souhaitent, pour discuter, boire un café ou travailler. Nous mettons à leur disposition quatre ordinateurs, des imprimantes, un fax, une photocopieuse et un service d'envoi de courrier », indique Mireille Canihac, consultante et responsable de l'antenne. Quatre autres consultants travaillent avec elle. Ils viennent de Paris ou du bureau lillois. « Nous panachons toujours nos équipes, pour sécuriser les personnes sur notre connaissance du bassin d'emploi. Nous mêlons aussi hommes et femmes, juniors et seniors », précise Emile Mérey, chef de projet chez Horemis.

Entretiens individuels

Les consultants reçoivent les candidats en entretien individuel dans les bureaux du premier étage, une à deux fois par semaine selon leur autonomie. La méthode est classique : « Définition et validation du projet professionnel, en cohérence avec les aptitudes de l'individu, son mode de vie et le marché de l'emploi, puis, après une formation si nécessaire, élaboration du CV et des lettres de motivation et préparation à l'entretien d'embauche », explique Mireille Canihac.

Le dernier étage est le lieu du collectif. S'y tiennent les ateliers de dynamisation et de recherche d'emploi. Particularité du contrat honoré par Horemis : outre deux offres valables d'emploi (OVE), le cabinet s'est engagé à proposer une offre valable de reclassement (OVR). Traduction : l'offre aboutit à la conclusion d'un contrat de travail en CDI, CDD ou mission d'intérim d'au moins six mois, à moins de 50 km du domicile, sur un poste correspondant aux métiers, compétences, aptitudes ou objectifs professionnels du candidat. La rémunération correspond au salaire pratiqué sur le bassin d'emploi pour le secteur d'activité concerné.

Obligation de résultats

« La tendance est effectivement à l'OVR. Les entreprises, plus exigeantes, imposent désormais une obligation de résultats. C'est une question d'image et de paix sociale, note Emile Mérey. Cela dit, OVE ou OVR, le débat n'est pas là. L'essentiel est d'accompagner chaque candidat jusqu'à une solution aboutie au regard des solutions validées dans le PSE. »

Changement de métier

De fait, le PSE tient aussi pour valables les projets de création d'entreprise et de formation qualifiante. « N'oublions pas que les candidats exerçaient un métier qui n'existe plus vraiment et que la plupart ne sont pas mobiles. Dans ce cas, nous les accompagnons dans un changement de métier, voire une création d'activité pour ceux qui ont des aptitudes d'entrepreneur », souligne le chef de projet.

La commission de suivi est le garant du processus. Elle examine et valide chaque dossier, présenté de manière anonyme, ou nominative si le candidat l'autorise. « La transparence est la règle, c'est essentiel pour la réussite du dispositif. Nous exposons notre travail dans le détail, de manière à ne pas générer de suspicions. Les représentants du personnel y siègent, bien sûr, ils constituent des partenaires essentiels parce qu'ils peuvent partager avec nous des informations et un vécu que les candidats livrent parfois difficilement », souligne Emile Mérey. L'antenne emploi doit parfois faire face aux réticences de ses adhérents. En période de tension, les syndicats peuvent inciter à la boycotter.

Aujourd'hui encore, beaucoup espèrent qu'un projet de reprise d'une partie de l'activité verra le jour, avec des reclassements à la clé dans cette nouvelle structure. Des discussions sont en cours avec un repreneur potentiel. « Mais ce projet hypothétique s'inscrit dans un horizon qui dépasse largement la durée du congé de reclassement dont bénéficient les salariés licenciés, soit neuf mois pour les moins de 50 ans, un an pour les autres », relève le chef de projet. En théorie, l'antenne emploi fonctionnera jusqu'au dernier jour du congé de reclassement de la dernière personne entrée dans le dispositif. Dans les faits, son activité se prolongera au-delà.

Deux à trois ans d'accompagnement

Les anciens salariés des papeteries de Maresquel seront accompagnés tout au long de leur période d'essai pour ceux qui ont décroché un contrat de travail, ou jusqu'à ce que l'entreprise créée ait franchi le cap des deux ou trois premières années. « Nous gardons le contact avec les personnes qui le souhaitent. De toute façon, on ne peut pas laisser tomber les gens. Ce travail requiert un investissement tel que la fin d'une antenne emploi laisse toujours ses consultants dans un drôle d'état. »

Papeteries de Maresquel

> Personnels licenciés : 225.

> Adhérents à l'antenne emploi : 185 personnes.

> Antenne emploi : cabinet Horemis.

> Budget : 2 000 euros par personne + 2 000 euros si besoin de formation.

Reclassement : le point à la fin mars

- 185 personnes ont adhéré à l'antenne emploi, dont huit sont actuellement en arrêt maladie et une est considérée comme inactive dans sa recherche de reclassement.

- Sur les 176 autres, 82 sont en attente de solution ; 30 sont sur le point d'aboutir, soit dans l'obtention d'un contrat de travail, soit dans un projet de création d'entreprise.

- Enfin, ils sont 64 à avoir trouvé une issue positive via un retour à l'emploi salarié (15 personnes), une création d'entreprise (2), une formation longue de reconversion avec, pour la plupart, une promesse d'embauche (31) ou un projet personnel de préretraite (16).

Auteur

  • Marie-Pierre Vega