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Les recruteurs font leur marché

Dossier | publié le : 24.04.2007 | Céline Lacourcelle

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Les recruteurs font leur marché

Crédit photo Céline Lacourcelle

Nouveau terrain de chasse des recruteurs, les sites de networking professionnel fleurissent sur la Toile. Facilité d'utilisation, fluidité, diversité... Ils rendent visibles des profils, en poste, en recherche plus ou moins active d'opportunités.

« Plus de visibilité pour se faire chasser », « faciliter ses recrutements »... La home page des sites de réseaux sociaux annonce la couleur. Ces nouveaux venus sur la Toile s'imposent, désormais, comme des acteurs incontournables du marché de l'emploi.

Le principe est simple. Première étape : s'inscrire sur le site. Cette opération, gratuite, consiste à renseigner une fiche descriptive de son profil (formation, expérience professionnelle, centres d'intérêt...). Ensuite, l'internaute informe son réseau direct (amis, relations de travail, collègues) de son adhésion au site et les invite à faire de même. Une fois membre du réseau, ils peuvent contacter, via le site, d'autres inscrits avec qui ils pourront échanger. Il suffit pour cela de leur adresser un message, la plate-forme se charge de contacter le profil en question, qui a tout loisir de répondre et de refuser cette prise de contact.

Un million de membres

Ce service, lui, est payant. Il coûte entre 5 et 8 euros par mois selon la durée de son abonnement chez Viadeo, réseau créé en juin 2004 affichant plus d'un million de membres, dont 200 000 dans différents pays européens et potentiellement 700 000 Chinois d'ici à la fin 2007. Sa particularité : « une présence très forte sur les marchés nationaux, principalement en France », explique Valérie Abehsera, directrice générale adjointe. En cela, Viadeo diffère d'autres réseaux présentant des membres avec des profils très internationaux comme LinkedIn ou Xing, ex-OpenBC, lancé en décembre 2003. Ce dernier présente quelque 2 millions de membres dans le monde. Ils n'étaient qu'un million en février 2006. « Ces sites s'assimilent à une plate-forme sur laquelle on a une vue sur qui fait quoi, où et comment », résume Eric Archambeau, vice-président du conseil de surveillance de Xing.

Internet incontournable

La visibilité : tel est, en effet, le principal intérêt de ces réseaux. D'autant plus qu'ils proposent, outre l'accès aux fiches des membres sur le site lui-même, leur publication sur Google. « Aujourd'hui, un professionnel ne peut plus exister sans être sur Internet. Les réseaux remplacent les blogs qui, pendant longtemps, étaient le seul instrument de visibilité sur le web. Or, ils sont extrêmement chronophages alors que l'affichage sur le réseau est très simple et très structuré », explique Alain Lefèbvre, fondateur de 6nergies, riche aujourd'hui de 17 500 membres largement francophones et appartenant à des catégories sociales et professionnelles très variées. Une particularité au regard de la composition des autres réseaux plutôt composés de cadres, voire de dirigeants d'entreprises cotées.

Pas étonnant donc que les recruteurs se soient emparés de ces nouveaux outils sachant qu'ils leur permettent aussi de diffuser des offres d'emploi. Il y en a ainsi 1 500 en moyenne sur Viadeo et une soixantaine sur 6nergies, qui passent de main en main jusqu'à trouver preneur. Et ce, en quelques clics. En plus, le marché est captif. Un nouveau membre précise toujours s'il accepte ou pas d'être contacté par des recruteurs. « 95 % d'entre eux sont à l'écoute des opportunités », informe Valérie Abehsera. La grande majorité étant en poste. « Les réseaux sociaux sont notre nouveau terrain de chasse », annonce Emmanuel Louzier, directeur exécutif Région grand Ouest du cabinet Michael Page. Vincent Cornet, directeur d'Altedia-Drouot, dit s'en servir depuis deux ans. « Nos chargés de recherche s'inscrivent et approchent certains profils après avoir saisi différents mots clés », admet-il. Le cabinet explore ainsi les réseaux pour 60 % de ses chasses. « On va plus vite, on raccourcit les circuits, on démultiplie », signale Rose-Marie Ponsot, directrice générale du sourcing chez Mercuri Urval.

Profils justes et actualisés

Les recruteurs ont, en plus, l'assurance de consulter des profils justes et actualisés. L'effet réseau, en la matière, joue à plein. « On sait que sa fiche sera consultée par ses connaissances, une sorte d'autocensure se crée », souligne Eric Archambeau. Exit donc les profils enjolivés ou fantaisistes. Autre intérêt : la diversité. « Ces réseaux sont ouverts à tous, contrairement aux réseaux physiques », commente Alain Lefèbvre. « Ils nous intéressent particulièrement lorsque l'on cherche un candidat difficile à identifier car devant venir d'horizons différents », explique François Humblot, d'Humblot Grant Alexander, consommateur du networking pour des profils âgés de 25 à 40 ans. Ils permettent aussi de toucher des personnes hors de France. « On sait ainsi que les expatriés s'inscrivent pour garder un lien avec le marché français », souligne Vincent Cornet. Mais tous l'affirment : pour l'heure, ces réseaux sont un outil parmi d'autres.

La cooptation se joue en ligne

t Le concept est nouveau et attise la curiosité des recruteurs. Car il y a mieux que le réseau social : le réseau social qui coopte. Telle est l'invention de sites nés il y a un peu moins de deux ans. Sur les rangs, Cooptin (groupe Adenclassifieds) et Jobmeeters. Leur business model : solliciter les internautes inscrits chez eux pour trouver une perle rare. Le premier propose à ses entreprises clientes (de l'ordre d'une centaine) de présenter leur offre d'emploi à ses membres, soit 27 000 personnes (coût : 2 500 euros pour un abonnement d'un an). À charge à ces derniers de la transférer à 10 personnes de leur carnet d'adresses. Celles-ci pouvant, à leur tour, solliciter dix autres contacts et ainsi de suite. Au total, la chaîne compte neuf étapes. Lorsqu'une personne est intéressée, elle envoie son CV directement au recruteur. En cas d'embauche, le coopteur de la première chaîne, de la dernière ou de l'ensemble, est récompensé sous la forme de bons d'achat sans prix plancher. Certains ont toutefois reçu l'équivalent de 2 300 euros.

t Même principe chez Jobmeeters. À ceci près que le coopteur doit s'investir un peu plus. À la lecture d'une offre, il procède à la cooptation en remplissant un dossier dans lequel il décrit le lien qui le lie au coopté et y joint une lettre de recommandation en précisant les compétences et les différentes réalisations professionnelles de son poulain. « Il met clairement sa réputation en jeu », souligne David Guillocheau, président de Jobmeeters. Le recruteur reçoit ainsi le CV du coopté ainsi que la lettre de référence. Il est également informé de l'historique des cooptations déjà effectuées par ce membre du site ainsi que son indice de réputation, comme chez eBay. La prime ici est, au minimum, supérieure à 150 euros. Le site s'enorgueillit de regrouper près de 10 000 coopteurs potentiels.

Auteur

  • Céline Lacourcelle