La mondialisation est généralement perçue sous l'angle des délocalisations d'activités vers les pays où la main-d'oeuvre est moins chère et, corrélativement, des suppressions d'emplois sur le territoire national. Or, le phénomène est largement plus complexe et concerne l'ensemble du mouvement de financiarisation de l'économie et ses conséquences. Cette précision de vocabulaire permet à Charles-Albert Michalet d'expliquer que, contrairement à ce que l'on pense, il ne s'agit ni d'un phénomène nouveau ni d'un phénomène général, de nombreux pays restant complètement à l'écart du mouvement. Le principe même de l'économie capitaliste consiste à produire le moins cher possible pour optimiser les marges et surtout compenser la baisse tendancielle des taux de profit liée à la concurrence. Pas de libéralisme, donc, sans recherche de nouveaux marchés et expansion territoriale. Avant même les délocalisations d'emplois, la mondialisation c'est la recherche de débouchés, la filialisation, les fusions-acquisitions qui permettent souvent de s'implanter ailleurs que dans son pays d'origine. Il est vrai que la perte de gouvernance des Etats pose problème. Cependant, pour tenter de pallier les conséquences péjoratives du phénomène encore faut-il en prendre toute la mesure et comprendre qu'il s'agit, en fait, d'un changement de paradigme économique et non d'un simple accident de parcours qui pourrait être dépassé.

Charles-Albert Michalet est professeur émérite d'économie à l'université de Paris-IX-Dauphine. Il est spécialiste des firmes multinationales et de la promotion des investissements directs. Il est notamment l'auteur de Qu'est-ce que la mondialisation ? paru en 2004 aux Editions La Découverte.