En janvier 2005, la Direction de l'eau du Grand Lyon (communauté urbaine qui regroupe 57 communes) a établi un constat alarmant : le taux d'accidents du travail dus aux manutentions a explosé, passant de 17 % en 2002 à 54 % en 2004. Le Grand Lyon a donc lancé une campagne de prévention des risques professionnels. Les 210 égoutiers de la Direction de l'eau ont suivi une formation «gestes et postures», dispensée par Ergonalliance. « Nous avons commencé par recenser les contraintes du travail des égoutiers, indique Olivier Raquin, responsable de cette société qui emploie des kinésithérapeutes. Cela a permis d'adapter notre formation à leur métier. »

Ces contraintes sont multiples : munis d'équipements de protection encombrants (casque, gants, cuissardes...), les égoutiers descendent dans des lieux obscurs, sales et exigus : la hauteur des ovoïdes (tuyaux) ne dépasse pas 1,80 m, voire 1,50 m, les obligeant à travailler constamment courbés. Ils soulèvent également de nombreuses charges comme des tampons en fonte pesant de 80 à 100 kg. « Après plusieurs années d'activité, les sciatiques, lombalgies ou hernies discales sont des pathologies très fréquentes », souligne Philippe Sadon, formateur.

Pour la collectivité, il s'agissait de réduire le nombre d'accidents en donnant d'abord aux égoutiers des règles de protection du dos. Cette formation de trois jours a eu lieu dans une salle de simulation recréant les conditions de travail. A la fin du deuxième jour, les formateurs ont demandé à chacun de s'attacher à modifier trois gestes pendant les quatre mois suivants. A leur terme, la dernière journée de formation a permis de faire le point : « On a pu voir si les engagements avaient été tenus, relate le formateur. Si ce n'était pas le cas, on rectifiait le tir. »

La Direction de l'eau dresse, aujourd'hui, un bilan plutôt positif de cette démarche : le nombre d'accidents est passé de 33 en 2005 à 12 en 2006. « Les égoutiers se déclarent satisfaits », rapporte Sophie Stebelski, conseillère prévention à la direction de l'eau. Mais la collectivité territoriale reste réaliste : sur les 12 accidents en 2006, la moitié sont arrivés à des agents ayant suivi la formation. « Celle-ci n'est pas une garantie absolue contre les risques d'accident », assure le responsable d'Ergonalliance.

Pour maximiser l'efficacité de la formation, Fabienne Mermillon, à la DRH du Grand Lyon, affirme que « la sensibilisation permanente est la meilleure solution si l'on ne veut pas que la formation perde trop rapidement ses effets bénéfiques ». Ainsi, il est envisagé de faire un « quart d'heure sécurité » à chaque prise de poste. A terme, tous les agents du Grand Lyon seront formés : les services propreté et voirie ont déjà entamé les sessions.