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Les Pratiques

Des chômeurs genevois en France

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 17.04.2007 | Sandrine Franchet

L'Office de l'emploi de Genève, l'ANPE Rhône-Alpes et Bouygues ont signé un accord permettant l'emploi et la formation de chômeurs suisses non qualifiés sur le chantier de l'A41.

« L'économie du canton genevois est florissante mais complètement tertiarisée : les emplois se créent dans les secteurs à haute valeur ajoutée et accueillent des personnels très formés et très compétitifs, explique Patrick Schmied, directeur de l'Office cantonal de l'emploi (OCE) de Genève. En revanche, la plupart des «petits boulots» disparaissent, et nous avons en permanence 3 000 à 4 000 personnes sans emploi. »

Inverser le flux des transfrontaliers

De l'autre côté de la frontière, la France souffre, elle, de certaines pénuries de main-d'oeuvre, dans le BTP ou l'hôtellerie-restauration notamment. Alors, en juin dernier, pour la première fois, l'OCE et l'ANPE de la région Rhône-Alpes, qui collaborent depuis de nombreuses années, ont décidé d'innover, en inversant le flux des transfrontaliers et en permettant à des demandeurs d'emploi non qualifiés suisses de venir se former et travailler en France.

Le projet provoque d'abord la stupéfaction côté suisse, où emploi en France est synonyme de salaire au rabais. « Outre ce problème d'image, il a fallu surmonter de nombreux obstacles, souligne Marie-France Rapinier, directrice de l'ANPE de Seynod (74) et coordinatrice des relations transfrontalières : trouver une entreprise ouverte à cette expérimentation ; régler la question de l'embauche temporaire des demandeurs d'emploi, amenés à quitter l'entreprise à la fin du contrat ; gérer le recrutement de personnes inscrites à l'OCE mais de nationalité hors UE... » Un accord est trouvé avec Bouygues, pour le chantier de l'A41, autoroute reliant Annecy à Genève. L'entreprise embauchera, pour 12 à 18 mois, dans le cadre d'un contrat de chantier, les chômeurs sélectionnés par l'OCE.

Reste le principal : le salaire proposé atteint 1 800 euros (2 900 FS), inférieur aux indemnités généralement perçues par les demandeurs d'emploi. En Suisse, le salaire moyen d'un débutant sur un poste faiblement qualifié se situe plutôt autour de 3 300 FS, et les indemnités chômage assurent 70 % de l'ancien salaire pour une personne seule et 80 % pour une personne avec charge de famille.

«Gain intermédiaire»

« Nous avons négocié plusieurs mois avec l'assurance chômage suisse pour que ces demandeurs d'emploi perçoivent le «gain intermédiaire», un dispositif permettant de compléter le salaire des chômeurs acceptant un emploi temporaire moins bien rémunéré », relate Patrick Schmied. Un dispositif qui, à l'origine, n'est pas ouvert aux personnels recrutés à l'étranger ou sur une aussi longue période.

L'OCE a déjà sélectionné une première trentaine de candidats, à l'issue d'exercices de simulation réalisés par l'ANPE, qu'il va présenter à l'entreprise. Ceux qui seront recrutés (une vingtaine) recevront une formation de 170 heures avant d'intégrer le chantier. L'opération devrait être renouvelée deux fois, avec le même nombre de demandeurs d'emploi.

Auteur

  • Sandrine Franchet