Mise en place d'un observatoire de la qualité de vie au travail, renforcement du dispositif éthique, développement d'un management de proximité à l'écoute des préoccupations quotidiennes des salariés. Telles sont les mesures prioritaires annoncées par EDF, le 13 avril, suite à la série de suicides de salariés sur son site de Chinon (37). Elles seront opérationnelles « dès que possible ».

Comme Renault, voilà quelques semaines, confronté aux suicides de collaborateurs dans son technocentre de Guyancourt, la DRH d'EDF a pris la mesure du drame qui s'est noué sur sa centrale nucléaire, où quatre de ses salariés se sont donné la mort depuis 2004, dont trois ces six derniers mois.

Après avoir épluché les premières conclusions de la «mission d'écoute et de compréhension», qui s'est rendue à Chinon fin mars et dont le rapport final sera cette semaine sur le bureau de Pierre Gadonneix, Pdg de l'entreprise publique, Yann Laroche, directeur général délégué des RH et de la communication d'EDF, a souhaité, en premier lieu, améliorer la prévention des risques psychosociaux.

L'observatoire sur la qualité de vie au travail, qui associera la médecine du travail, les IRP et le management, aura un rôle plus élargi qu'un observatoire du stress. « Cette instance devra encourager les espaces de dialogue entre tous les acteurs de l'entreprise et jouer un rôle de veille en matière de prévention », indique le DRH. Appelé à « produire des données objectives », il sera aussi un lieu d'échanges sur les bonnes pratiques. Des experts indépendants viendront nourrir les débats.

Autre mesure : le dispositif éthique, déjà en place dans l'entreprise, sera renforcé. Objectif : s'assurer que les « valeurs d'EDF soient respectées partout ». Il s'appuiera sur des correspondants locaux, choisis parmi les salariés, ainsi que sur une ligne d'écoute téléphonique. « Il s'agira d'un numéro vert mis à la disposition de l'ensemble des collaborateurs. Les communications seront confidentielles », précise Yann Laroche. Le troisième axe vise à améliorer le management de proximité. « Pour dialoguer avec leurs équipes, les managers doivent être plus présents sur le terrain. Nous allons donc leur dégager du temps en allégeant certaines procédures et tâches administratives. » La rupture entre les salariés et leurs managers est, en effet, l'un des points qui ressort de la centaine d'entretiens menés par les membres de la «mission d'écoute et de compréhension».

« La dimension humaine doit rester incontournable dans notre entreprise. Selon les résultats de nos baromètres internes, nos salariés sont fiers de travailler chez EDF. Malheureusement, des situations individuelles de mal-être existent. Elles sont très difficiles à appréhender. Il peut y avoir un faisceau de causes », a aussi commenté Yann Laroche.