Lorsque Elena Dinesen arrive au siège madrilène de Microsoft Ibérica comme responsable des ressources humaines, il y a trois ans et demi, elle dresse un état des lieux sans complaisance : « Il y avait une fatigue généralisée des salariés avec des symptômes de stress ; nous avions aussi identifié un certain nombre de femmes qui quittaient l'entreprise parce qu'elles n'arrivaient pas à concilier leur travail et leur vie familiale. » Microsoft profite d'un déménagement du siège pour modifier radicalement la politique RH. « L'idée majeure était de rompre avec les anciennes formes de travail fondées sur la présence constante du salarié », explique Elena Dinesen.

Premier changement de taille : fini les débuts systématiques de journée à 9 heures et les sorties tardives le soir. Chaque salarié décide désormais, en concertation avec son supérieur et l'équipe, de ses heures d'arrivée et de départ. « Nous avons soutenu ceux qui ont décidé les premiers de quitter le bureau à 16 heures, et parlé avec les supérieurs qui rechignaient à s'adapter », poursuit la responsable RH.

Les salariés doivent remplir deux conditions sine qua non : atteindre leurs objectifs et assister aux réunions importantes. Mais tout n'a pas été si facile. Passé les premières réactions de scepticisme, une expérience pilote a permis de vérifier si personne n'abusait du système. Et, très vite, les salariés ont eux-mêmes assuré une régulation si l'un d'entre eux ne respectait pas les règles. D'autres mesures ont mis plus longtemps à s'installer, comme les sorties tous les vendredis à 15 heures : il aura fallu dix mois pour que la direction en accepte le principe. « Le système fonctionne bien parce que nos 600 salariés sont faciles à localiser, où qu'ils soient », assure Elena Dinesen. Pour cela, l'entreprise les a équipés d'un ordinateur portable, d'une connexion ADSL et d'un téléphone portable. Résultat : un taux de turn-over de 3 %, contre 8 % il y a trois ans.

La seconde étape de cette révolution de l'attractivité du travail a concerné le renforcement des soins de santé : assurance de santé familiale à un tarif intéressant, notamment pour l'ophtalmologie, ou encore programmes de prévention contre le cancer. En bonus, des services gratuits de shiatsu (massage) sur le lieu de travail. Il suffit de réserver l'heure soit le matin, soit durant la pause-déjeuner, soit le soir après le travail. « L'objectif est d'apporter tous ces services sur place, pour éviter des déplacements et le stress qui en résulte », assure Elena Dinesen. Dernière mesure, plus banale mais ayant aussi du succès : un service de lavage de voiture dans les parkings de Microsoft. Mais, cette fois-ci, l'employé paie la facture !