« De plus en plus de formateurs utilisent les outils de e-learning. Ce n'était pas gagné d'avance, il y a six ans, lorsque nous nous sommes engagés sur cette voie. Beaucoup craignaient que le e-learning ne tue leur métier. » Christian Page est directeur du pôle de formation professionnelle d'EDF. Le pôle anime et coordonne une équipe permanente de 700 formateurs répartis dans les directions du groupe.

Pour faire entrer le e-learning dans leurs modalités d'enseignement, le producteur-distributeur d'électricité les a formés et aidés à concevoir eux-mêmes des modules. Les formateurs ont été invités à se mobiliser sur deux types de projets. D'une part, ils ont participé à l'élaboration de questionnaires en ligne, en s'appuyant sur un outil proposé par la société Questionmark. Aujourd'hui, plusieurs centaines de questionnaires d'évaluation des prérequis et des acquis sont disponibles, utilisés, chaque année, par 15 000 à 20 000 personnes. Deuxième outil : Breeze, de Macromedia. Il permet de réutiliser les présentations Powerpoint des formateurs, initialement conçues avec l'outil éponyme de Microsoft, et de les transposer en ligne en ajoutant des enrichissements : animations multimédias, commentaires, QCM..., tous disponibles dans des «bibliothèques» conçues par l'équipe en charge des nouvelles technologies au sein du pôle de formation professionnelle d'EDF.

« Pour encourager les formateurs à se lancer dans la conception de modules avec Breeze, nous leur donnons la possibilité de réaliser des prototypes. Ils testent ainsi le processus de réalisation de leur idée avant de la proposer à la direction métier pour laquelle ils travaillent, explique Dominique Terres, en charge du projet NTIC. Aujourd'hui, entre un tiers et la moitié des formateurs ont déjà utilisé cet outil. Beaucoup commencent à intégrer des modules de e-learning dans les parcours de formation, composés, bien sûr, encore largement de sessions en présentiel. »

EDF réalise, aujourd'hui, près de 40 000 heures stagiaires en e-learning, sur un total de 4 millions d'heures stagiaires produites, dont 3 millions par le pôle de formation professionnelle et un million en direct par les unités opérationnelles. Le groupe estime qu'en termes de connaissances transmises, une heure de formation en ligne équivaut à trois à quatre heures de formation en présentiel. Il revendique, ainsi, l'équivalent de 150 000 heures stagiaires suivies en ligne, « soit 5 % de la totalité des heures stagiaires produites », indique Christian Page. Dominique Terres estime que EDF, grâce au e-learning, a économisé environ 100 000 heures de formation sur les formations en présentiel destinées aux conseillers clientèle, et ce, dès la première année.

Quatre cents heures de cours en e-learning sont disponibles, accessibles via l'intranet. Deux plates-formes de gestion sont utilisées : IBM-LLS5 (qui accueille tous les contenus, modules de formation, questionnaires, enquêtes, et est en lien avec le SIRH) et la plate-forme Breeze pour les contenus réalisés spécifiquement avec Breeze.

En 2007, le pôle formation espère enrichir son offre de 200 heures supplémentaires en passant à un mode de production plus «industriel». Il veut élargir la palette des métiers et des compétences couverte par le e-learning. « Bien sûr, nous voulons compléter notre offre sur les compétences tertiaires de type comptabilité, ressources humaines ou management. Par exemple, nous sommes en train de mettre en ligne un module sur l'entretien professionnel. Nous proposons aussi des formations techniques avec des contenus de type connaissance de la réglementation. Mais nous pensons aussi utiliser le e-learning pour des formations aux gestes professionnels », explique Christian Page.

Par exemple, un technicien des métiers de l'hydraulique, du nucléaire ou des réseaux de distribution pourra, dans un premier temps, observer le geste via un module e-learning, puis s'y former plus précisément lors d'un regroupement en présentiel ou d'une mise en situation sur un chantier. « L'objectif est de concevoir des cursus de professionnalisation de techniciens, qui combineront des modalités de formation à distance asynchrone, des classes virtuelles synchrones, avec ou sans accompagnement pédagogique, de la formation présentielle et de la mise en situation », espère Christian Page.

> Effectifs : 100 000 salariés en France.

> Budget formation : 6 % de la masse salariale, 39 heures de formation en moyenne par salarié en 2006.