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Les Pratiques

Comment une PME fidélise ses salariés musulmans

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 27.03.2007 | Valérie Demon, à Madrid

Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, Ecolignor, petite société catalane, a su recruter et fidéliser de nombreux salariés gambiens en négociant des avantages spécifiques.

Prier selon le rite musulman plusieurs fois par jour ou respecter le ramadan : ce sont autant de possibilités réelles pour des salariés musulmans d'une entreprise de Catalogne, Ecolignor, spécialisée dans la réparation manuelle des palettes. Sur ses 22 salariés, 14 sont des immigrés gambiens. Lors du ramadan, l'entreprise leur permet de travailler en horaire continu, de 8 h 00 à 16 h 00, sans pause-déjeuner. A l'occasion de la fête de l'Aïd, un jour de congé leur est accordé. « Ils échangent ce jour contre un autre », explique Josep Jané, le directeur de cette PME créée en 1991. En outre, une quinzaine de minutes leur sont attribuées pour leurs prières quotidiennes en été et une demi-heure en hiver, tandis que le vendredi, ils disposent de plus de temps pour aller à la mosquée. « Mais ils récupèrent ce temps ensuite ; l'entreprise ne leur offre rien, mais négocie », prévient le directeur.

Peu de candidats espagnols

Pourtant, les débuts n'ont pas été faciles. « Cela a été progressif, il y avait forcément certains chocs lorsqu'ils me demandaient du temps pour prier. Je ne comprenais pas pourquoi je devais m'adapter. Puis, peu à peu, j'ai compris l'importance de la religion pour eux. A force de les écouter, on les comprend mieux », ajoute-t-il.

Ce management singulier a, en fait, son origine dans les pénuries de main-d'oeuvre. « Je trouvais difficilement des candidats espagnols et le turn-over était élevé », se rappelle Josep Jané. Du coup, lorsqu'en 1993, l'entreprise embauche Musa Konteh, un salarié gambien de 44 ans, le directeur continue sur sa lancée. Aujourd'hui, tous les salariés de production sont des Gambiens et lui apportent une certaine stabilité. « Nous aidons l'entreprise à trouver du personnel, nous cherchons parmi nos connaissances celui qui pourrait travailler ici », explique, ainsi, Musa Konteh.

Une récompense adaptée

Mais, en octobre dernier, trois salariés sont partis. « Les autres se sont impliqués davantage », assure Josep Jané. Du coup, il décide de les récompenser en organisant un tirage au sort pour un voyage à La Mecque : « L'un d'entre eux l'avait fait et nous savions ce que cela signifiait pour eux. » Musa n'a pas remporté le voyage, mais l'idée lui est apparue formidable : « Nous sommes tous très contents pour celui qui a gagné. »

Le directeur ne sait pas encore s'il organisera un second tirage au sort, mais il reconnaît que cela a constitué « une motivation importante ». Il ne prétend pas, pour autant, faire école pour l'intégration des musulmans : « Je transmets juste un message. Il s'agit d'un travail. S'il y a relation, il doit y avoir compréhension et, au bout du compte, tout le monde en bénéficie, il suffit de parler et de comprendre, c'est ma manière de travailler. »

Auteur

  • Valérie Demon, à Madrid