«Il y a beaucoup de règles pour travailler sur le tarmac, explique Jean-Luc Tournier, responsable formation de la société Reynier, qui fait du chargement-déchargement d'avions à l'aéroport Lyon-Saint-Exupéry. Avant la prise de poste, chaque salarié doit suivre cinq jours de formation obligatoires, avec tests à l'appui et recyclage au moins tous les deux ans... Mais, jusqu'à récemment, en dehors de l'autorisation de conduite délivrée par l'aviation civile, il n'y avait aucun module commun pour la conduite des chariots, la base du transport sur piste. Chaque société faisait sa propre formation. » Depuis deux ans, si les formations se font toujours en interne, les cinq entreprises qui gèrent le transport sur les pistes possèdent un référentiel commun, le SP-1116.

« En 1999, rappelle Leslie Blankey, responsable de piste de l'aéroport, le décès d'un intérimaire avait fortement interpellé. La multiplication des sociétés et des professionnels sur l'aire de trafic nécessitait une nouvelle organisation. » Le nouveau responsable a donc mis en place un groupe sécurité avec les sociétés de fret et d'assistance, l'inspection du travail, la Cram et l'Aviation civile... Et des outils : guide sécurité, affiches, nouvelles règles... « Mais nous avons vite constaté qu'il était essentiel d'attaquer le problème à la source, relate-t-il. Si tous les conducteurs de machines à élévateurs possèdent le Caces (Certificat d'aptitude à la conduite en sécurité), il manquait un référentiel de savoir-faire commun à tous les professionnels bagagistes ou agents de piste qui conduisent des chariots. »

Ainsi, en 2003, un groupe de travail, composé des responsables sécurité de l'aéroport et d'Air France, de la Cram et des cinq sociétés d'assistance au sol, s'est régulièrement réuni afin d'élaborer un référentiel pour la conduite en sécurité des tracteurs de piste et tapis à bagages. Protocole de prise en main du matériel, contrôle de l'équipement, adéquation par rapport à l'avion, identification des matériels dangereux... : une fois le référentiel finalisé, en 2004, des responsables de cinq entreprises, mais aussi de quatre organismes de formation se sont formés pendant cinq jours pour pouvoir, ensuite, organiser des formations de deux jours - théorie et pratique - auprès des conducteurs.

Dans la société Reynier, tous les conducteurs expérimentés ont fait une révision à partir du référentiel et une cinquantaine de recrues ont suivi les deux jours de formation préconisés. « Nous avons moins de casse et moins d'incidents », constate Jean-Luc Tournier. Aujourd'hui, le référentiel est «référencé» par l'inspection du travail et la Cram Rhône-Alpes. La Commission technique nationale (représentant des syndicats de transports français) envisage de le transformer en Caces en juin prochain.