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Les Pratiques

L'Allemagne prépare un Smic par branche

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 20.03.2007 | Marion Leo, à Berlin

L'Allemagne n'ayant pas de Smic, le gouvernement veut introduire des salaires minima par secteur, pour lutter contre le dumping salarial en provenance des nouveaux pays membres de l'Union européenne.

Faut-il ou non instaurer un salaire minimum légal en Allemagne ? Cette question divise, depuis des années, les partis politiques, les syndicats, le patronat et les experts. Mais, depuis plusieurs mois, le débat a redoublé d'intensité. Car plusieurs scandales portant, entre autres, sur le salaire de femmes de ménage payées moins de 2 euros l'heure, dans des hôtels de luxe à Hambourg, ont rappelé que de plus en plus d'Allemands percevaient des salaires de misère. « 1,2 million de salariés travaillent pour moins de 4,5 euros de l'heure », s'est indigné Kurt Beck, président du parti social-démocrate (SPD).

Perte d'influence des syndicats

La forte progression des emplois à bas salaires s'explique, en partie, par la perte d'influence des syndicats. Car, en l'absence de Smic, ces derniers fixent avec le patronat des salaires planchers dans les accords de branche. Mais, seuls 70 % des salariés à l'Ouest sont, aujourd'hui, couverts par ces accords et 54 % en ex-RDA. D'autre part, certaines conventions collectives prévoient des salaires planchers très bas.

Un autre facteur attise les inquiétudes. En 2011, au plus tard, la nouvelle directive européenne sur les services autorisera les entreprises des nouveaux pays membres de l'UE à détacher en Allemagne leur propre personnel, nettement moins bien payé que les Allemands. « Si le marché de l'emploi est libéralisé sans contrôle, les salaires de branche pourraient baisser durablement à 2 ou 3 euros », a averti Friedrich Lahmann, directeur du groupe de services Wisag, à Francfort.

Dès 1996, le syndicat ver.di (services) a lancé une campagne nationale réclamant l'instauration d'un salaire horaire minimum légal de 7,5 euros. Mais la droite et le patronat s'y opposent et sa création n'a pas été inscrite dans l'accord de coalition.

Par secteurs

Une autre solution pourrait pourtant être adoptée. Depuis plusieurs mois, Franz Müntefering (SPD), ministre fédéral de l'Emploi, plaide pour l'introduction de salaires minima par secteurs, selon le modèle en vigueur dans le bâtiment. Depuis 1996, cette branche est la seule à en posséder un (12,4 euros à l'Ouest). Il a été fixé par les partenaires sociaux, puis étendu par le gouvernement à l'ensemble des entreprises du secteur, affiliées ou non aux accords de branche. Le 9 mars 2007, le Bundestag a voté l'extension de cette loi au secteur du nettoyage industriel. Le ministre de l'Emploi entend, à présent, étendre ce modèle à dix autres branches dans les services allant de l'hôtellerie à la sylviculture. Il devrait soumettre, fin mars, ses plans au gouvernement de grande coalition. La chancelière Angela Merkel (CDU) n'a pas exclu la création de salaires minima par secteurs.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin