logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Le temps de travail sur la sellette

Enquête | publié le : 20.03.2007 | A. B.

Image

Le temps de travail sur la sellette

Crédit photo A. B.

39, 35, 32, voire 30 heures... En matière de temps de travail, aucun consensus ne se dégage. Selon les partis, les propositions divergent à la fois sur la durée hebdomadaire et sur le coût des heures supplémentaires.

Si Ségolène Royal, François Bayrou et Nicolas Sarkozy critiquent les 35 heures, il n'est pas question, pour autant, de les supprimer.

La candidate socialiste n'a pas repris l'idée de son parti d'étendre les 35 heures à tous les salariés. Dans son «pacte présidentiel», elle propose d'ouvrir les négociations pour déterminer « comment on peut consolider cet acquis et réduire ses effets négatifs pour les ouvriers et les employés ».

Exonérations

Nicolas Sarkozy souhaite, lui, relever la majoration des heures supplémentaires à 25 %, quelle que soit la taille de l'entreprise et, surtout, qu'elles soient exonérées de toutes charges fiscales et sociales. L'employeur serait gagnant puisque totalement exonéré de cotisations patronales, et le salarié verrait, quant à lui, ses revenus exonérés de l'impôt sur le revenu et des charges sociales (CSG, CRDS, retraites...). Cette mesure est vivement critiquée par le PS, jugeant que cette défiscalisation « découragera » les nouvelles embauches et privera « les salariés des droits sociaux (retraite...) attachés à ces heures travaillées ». Idem pour François Bayrou, qui estime que les employeurs « auraient tout intérêt à faire travailler tout leur personnel en permanence en heures supplémentaires, et ne seraient pas du tout encouragés à embaucher ». Le candidat UDF souhaite que la durée du travail soit, sur le long terme, fixée par les partenaires sociaux, dans le cadre des branches. A plus court terme, il envisage que toute heure supplémentaire bénéficie d'une prime de 35 % pour le salarié, qui serait défalquée des charges sociales de l'employeur entre la 35e et la 39e heure : « La 36e heure ou la 39e heure coûtant à l'employeur le même prix que la 35e heure, on aura mis fin au blocage que représentaient les 35 heures. »

Partisan de la réduction du temps de travail, Olivier Besancenot se prononce pour un passage à 32 heures, sans perte de salaire, puis vers un abaissement à 30 heures. L'objectif du candidat trotskiste étant de « partager le travail » afin de réduire le nombre de chômeurs. Il dénonce la loi Aubry II qui a engendré, selon lui, beaucoup de flexibilité, « horaires variables sans prévisibilité d'un jour sur l'autre, augmentation du travail de nuit, du soir, du week-end ». Aussi souhaite-t-il, à l'instar d'Arlette Laguiller, interdire les heures supplémentaires et réduire le travail de nuit aux postes indispensables à la santé et à la sécurité.

32 heures

De même, Marie-George Buffet se prononce pour l'abrogation des lois Fillon et Aubry, dans la perspective de l'abaissement ultérieur à 32 heures, sans perte de salaire. Dominique Voynet plaide, de son côté, pour l'extension des 35 heures aux PME. « L'Insee estime à 350 000 le nombre d'emplois créés entre 1997 et 2002 par la RTT, analyset-elle. Son extension aux petites entreprises, sous réserve de modalités d'application intelligentes, pourrait encourager la création de 100 000 emplois environ. » Par ailleurs, elle milite pour la semaine des quatre jours pour les métiers pénibles. A l'autre extrême, Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers entendent abroger les 35 heures afin de permettre aux Français de travailler autant qu'ils le souhaitent « et, ainsi, augmenter leur pouvoir d'achat ».

Repères

t La durée légale du travail, de 35 heures pour toutes les entreprises depuis début 2002, constitue le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, mieux payées. Dans les entreprises de plus de 20 salariés, les heures supplémentaires donnent lieu à une majoration de 25 % pour chacune des huit premières heures. Pour les entreprises de moins de 20 salariés, c'est un taux de 10 % qui s'applique pour les quatre premières heures (de la 36e à la 39e heure). Depuis 2002, de multiples allègements ont facilité le recours aux heures supplémentaires. En 2005, la durée moyenne du travail était de 35,7 heures dans les entreprises d'au moins 10 salariés, et de 36,8 heures dans les autres.

t Pour les syndicats, le temps de travail n'est pas une réponse au pouvoir d'achat parce que les heures supplémentaires sont décidées par l'employeur. Selon l'Insee, les 35 heures ont créé 350 000 postes entre 1998 et 2002, et ont nettement contribué à une modération des hausses de salaires.

Auteur

  • A. B.