Les jeunes sont réputés avoir des difficultés à trouver un premier emploi en rapport avec leurs qualifications. Mais, entre les jeunes issus des grandes écoles et ceux issus des quartiers, toute la gradation des vrais stages, faux emplois, contrats précaires et petits boulots existe, dessinant le paysage d'une France de plus en plus inégalitaire.

Après beaucoup d'autres auteurs, trois académiciens de l'Académie des sciences morales et politiques et deux anciens Premiers ministres, Raymond Barre et Pierre Messmer, entendent dénoncer cette situation qui nous prépare des lendemains très difficiles. Les réformes institutionnelles engagées pour corriger le problème n'ont été que partielles. On a préféré aménager un système dual à mi-chemin entre aides à l'emploi et nouvelles formes de contrats de travail plus flexibles, qui se révèle particulièrement coûteux et, surtout, peu efficace.

Certes, la tâche est difficile puisqu'il s'agit de s'attaquer enfin aux causes plutôt qu'aux seules conséquences, à commencer par réparer certains effets délétères de la formation initiale, particulièrement démotivante pour toute une partie de la jeunesse, socialement mal lotie.

Les auteurs dressent un panorama sans complaisance de la situation, seule base à partir de laquelle un vrai changement sera possible. Ils insistent, notamment, sur l'inégalité des chances, en fonction de l'appartenance sociale, sur le déséquilibre entre les générations et le risque de décrochage lié à une politique de recherche et développement insuffisamment développée. Un ouvrage qui devrait aussi bien intéresser les politiques que les acteurs économiques. P. R.