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Les Pratiques

La GEC a stimulé la mobilité des salariés de Clemessy

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 13.03.2007 | Christian Robischon

Conclu en 2004 pour éviter un plan social, l'accord de GEC (gestion de l'emploi et des compétences) du groupe Clemessy, l'un des premiers du genre en France, a rempli cet objectif premier. Près de 300 salariés, soit 1 sur 20, du groupe d'installations électriques industrielles, basé à Mulhouse, ont changé de métier ou de région.

Prévu pour trois mois à sa signature, en janvier 2004, l'accord de GEC a été prolongé dans le droit puis dans les faits, pour s'appliquer jusqu'à fin 2006. Il a rempli son rôle de stimulation de la mobilité, puisque 587 salariés ont «bougé». Certes, ce bilan inclut 313 «repositionnements», selon le terme de la DRH, qui recouvre des évolutions de poste ou le transfert dans une filiale, sans changement de lieu ou de fonction.

Mais les 274 mobilités effectives en trois ans, qu'elles soient géographiques (122), professionnelles (123) ou la combinaison des deux (29), « sont à comparer aux 40 par an qui se réalisaient auparavant », rappelle Jean-François Auclair, responsable du développement social. Elles dépassent aussi l'objectif minimal de 100 que le groupe s'était fixé pour éviter un plan social.

Les bonnes personnes aux bonnes places

La GEC de Clemessy appartient, en effet, à la catégorie «défensive ». Conçue lorsque l'entreprise accumulait les pertes, elle a consisté à remettre les bonnes personnes aux bonnes places et à geler, sauf exception, les recrutements extérieurs. Le groupe ne s'estimait pas en sureffectif global, mais il constatait des trop-pleins dans certaines régions (Mulhouse, le Cotentin, du fait de la baisse de commandes du secteur nucléaire) que pouvaient compenser des besoins en personnel ailleurs, par exemple dans l'Ouest. L'analyse par métiers avait abouti à des constats similaires.

Effectifs en baisse, sans licenciement collectif

Pas de licenciements collectifs donc. Cependant, les effectifs ont baissé, en trois ans, de 6 200 à 5 030 collaborateurs. « La GEC n'a pas protégé l'emploi », en conclut Michel Estevez, délégué central CGT, seul syndicat non signataire, qui maintient sa préférence pour un PSE : « Avec lui, les postes en difficulté sont identifiés, les indemnités sont dues, les IRP conservent leur rôle intact. » Si la moitié de la baisse d'effectifs est due à la vente d'une branche liée au nucléaire, le solde résulte de départs dans des circonstances diverses (démissions, etc.), « dont certains n'ont pas été choisis », concède la direction.

Pour susciter les candidatures à la mobilité, l'employeur a joint, tous les deux mois, au bulletin de salaire, la liste des postes disponibles, répartis sur quatre cartes de France selon leur famille (encadrement/management, commerce, production-études, administration-gestion). L'envoi se poursuit aujourd'hui. « La demande peut aussi s'exprimer lors des entretiens individuels d'évaluation », ajoute Jean-François Auclair.

Fondement de l'accord, le volontariat a bénéficié de deux stimulants. De façon assez classique, le groupe a accordé primes et aides au déménagement-logement jusqu'à un montant de 20 000 euros. « Elles ont surtout joué un rôle incitatif la première année », estime Jean-François Auclair.

Retour au poste d'origine

Plus original, le salarié gardait la possibilité de revenir au bout de trois ou six mois dans son poste d'origine. Cette option n'a été exercée qu'une dizaine de fois, souvent en raison du coût de la vie - par exemple, pour les salariés du Nord qui ont choisi Lyon ou Paca. « Mais cette clause de retour a été extrêmement sécurisante. Elle prouve que plus on donne la possibilité aux gens de se tromper, moins ils se trompent », estime Dominique Le Morvan, délégué central CFDT, principal syndicat et moteur de l'accord.

Centre de formation «Institut des métiers»

Pour réussir la mobilité professionnelle, le groupe a mobilisé son centre de formation «Institut des métiers», à travers son offre de parcours longs (jusqu'à treize semaines) en période de professionnalisation.

L'appartenance au groupe Veolia a également apporté des opportunités ; 45 «Clemessy» ont rejoint des unités de leur maison mère aux activités plus larges. Dix monteurs électriques, à Nice, se sont même reconvertis en chauffeurs de bus.

Le long chemin vers la GPEC

Ayant renoué avec la croissance et les bénéfices, Clemessy souhaite conclure un accord de gestion prévisionnelle, compte tenu du renouvellement de 30 % de ses effectifs dans les cinq ans à venir, par départs en retraite et turn-over.

Engagées depuis plus de six mois, les discussions achoppent sur le volontariat de la mobilité. La CFDT souhaite retrouver dans la GPEC cette disposition de l'accord GEC. La direction l'exclut, elle rappelle que la clause de mobilité figure dans les contrats de travail depuis vingt ans et que la GEC, « réponse temporaire à une situation d'urgence », n'a fait que la mettre entre parenthèses.

Les négociations pourraient cependant s'ouvrir formellement ce printemps.

La GPEC s'inscrit dans un «Plan de développement d'entreprise», d'ici à 2010, qui inclut le renforcement de l'apprentissage, la relance des embauches et la formation, dont le budget atteint 5,2 % de la masse salariale.

Auteur

  • Christian Robischon