E & C : Invité, le 8 mars dernier, de l'assemblée générale de l'Union départementale parisienne de la CFE-CGC, vous avez évoqué le stress au travail. Y a-t-il des remèdes pour le combattre ?

Christian Cabrol : Bien entendu, le stress n'est pas dramatique en soi, car il peut facilement être combattu. Je l'ai d'ailleurs expérimenté au cours de ma vie professionnelle. A un moment de ma carrière, j'ai été victime du syndrome dépressif. Très exposé au stress, je dormais très mal, je n'avais plus de goût au travail. Comment je m'en suis sorti ? Tout d'abord, en prenant soin de mon corps. Il faut absolument faire des exercices physiques. Ensuite, il est important d'avoir une alimentation équilibrée. Enfin, il faut s'intéresser à autre chose qu'au travail. Pour ma part, j'ai découvert la pratique de la voile. Cette passion m'a permis de lutter contre les facteurs de stress liés à mon activité de chirurgien. Ce sont ces conseils que je donnerais, aujourd'hui, aux cadres et aux agents de maîtrise, des populations particulièrement exposées au stress.

E & C : Alors que des salariés de chez Renault ont été conduits au suicide, quel regard portez-vous sur l'évolution des relations au travail ?

C. C. : Nous assistons, aujourd'hui, à un rejet du travail. Regardez comment on a dévalorisé les filières manuelles. C'est un vrai gâchis ! Autrefois, le travail permettait d'exister socialement. Il était considéré, y compris par les catégories sociales - ouvriers et agriculteurs en tête - dont les conditions de travail étaient les plus pénibles. Mais on ne se suicidait pas. Aujourd'hui, la pénibilité est devenue psychique. Les salariés travaillent contre la montre. Il faut produire toujours plus vite et toujours mieux. Le chômage de masse, la précarité, la mondialisation ont changé la donne. Au bout du compte, pour bon nombre de personnes, le travail n'a plus de sens.

(1) Association pour la recherche, le développement et la diffusion d'innovations en cardiologie.